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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/131

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ETUDE SUR MÉDÉE cxix

Funus pei' artus : levia memoravi niinis.

Haec virgo feci ; gravioi- exsurgat dnlnr :

Majora jam me scelera post partus dpcenf.

Acringere ira, teque in exitium para

Furoie toto : paria narrentur tua

Répudia thalamis. Quo viruni linquis modo?

Hoc, quo secuta es : rumpe jam segni?s moras :

Quae scelere parta est, scelere linquenda est domus.

A quoi bon s'exciter ainsi à la rage et au meurtre? Elle n'a pas besoin de tant d'efTorts pour y parvenir. Que dis-je? elle y est déjà parvenue : sou âme est déjà mûre pour le crime, son bras est prêt à frapper ses enfants. Le reste n'est plus qu'une question de temps, d'un bien médiocre intérêt.

, Au reste, tous ceux qui l'entourent semblent montés à ce ton déclamatoire. Aucun trait gracieux ou touchant qui rompe la monotonie de ces situations forcées ou de ce langage tendu. Qu'est devenue l'aimable familiarité qu'Euripide prête à ses personnages subalternes? La nourrice de Médée est sa digne confidente, et lui répond à peu près sur le même ton. C'est là peut-être le défaut le plus frappant de Sénèque : tous ses personnages, sans distinc- tion d'âge, de sexe et de condition, parlent le même langage. Il est vrai qu'im passage de la première scène entre Médée et sa nourrice a inspiré à Corneille l'un de ses plus beaux vers; mais que servent les beaux vers, s'ils brillent isolés dans une action languissante, dont le dénouement est prévu d'avauce et annoncé dès le début même ? En vain l'on s'efforce de nous épouvanter par l'annonce de quelque grande catastrophe :

Magnum aliquid instat, efferiim, immane, impiuiii.

Nous ne nous laissons point prendre à ces artitices ; car, ce qui va se passer, nous le savons d'avance, et si nous venions à l 'oublier, Médée se chargerait de nous en faire souvenir. Mono- logue ou dialogue, c'est tout un pour elle; toujours elle déclame; d'un bout à l'autre son rôle semble n'être qu'un long accès de folie furieuse. Elle ébranlera le ciel, troublera la nature entière, entraînera tout dans sa ruine. On se lasse de cette prodigalité banale d'hyperboles, et les menaces les plus effrayantes cessent d'être dramatiques à force d'être théâtrales.

Chez Euripide, Tinterventiou brutale de Créon, l'intervention hypocrite de Jason, marquent un double progrès dans l'action qui se hâte vers la crise, et dans la passion de Médée, que ces affronts ré pétés exaspèrent. Ici, pas de progression possible; par

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