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ETUDE SUR MEDEE cxxui

Rome espagnole, emphatique et sentencieuse, qui se personnifie en Séaèque et Lucaiu.

De la ce goût du trait plus brillant que juste, du monologue lyrique (souvent par le mètre, toujou rs par l'accent), du dévelop- pement oratoire, des antithèses qui se heurtent, des maximes et des dissertations morales. A quoi se réduisent l'action et la peinture des caractè res dans les tragédies élémentaires de Jodelle, ou dans la Médée de son disciple, Jean de la Péruse, autre imi- tateur servile de Sénèque (15.j3)? Les longs discours, les longs récits plus épiques que dramatiques, les chœurs, en dissimulent assez mal le vide. Lui-même, Robert Garnier, si supérieur pour- tant à Jodelle, ne s'est pas affranchi sans effort de cette influence uéfasLe : les œuvres de sa première manière, sa Porcie surtout et sa Cornélie, ne sont que des élégies languissantes, tour à tour lyriques et oratoires. Il est original, au contraire, et vivant, lors- qa il ose quitter le chemin battu et s'ouvrir des routes nouvelles vers l'antiquité sacrée, dans les Juives, et vers le moyen âge, dans liradamante. Monchrestien suit son exemple, et le dépasse en hardiesse, puisque avec Aman, il écrit ['Écossaise, vivifiant ainsi le drame par les souvenirs de l'histoire moderne. Par malheur, ils ne firent pas école, et l'on revint à l'imitation de l'auteur favori, admiré pour ses défauts autant que pour ses qualités, sans qu'un critique écJairé se soit trouvé la pour dire : n C'est s'égarer que choisir un tel modèle : rien n'est moins dramatique que ces drames vantés à contre-sens; rien n'était autrefois et n'est aujour- d'hui moins fait pour le théâtre. » C'est par deux imitations de Sénèque, par Hercule mouranl et par Médée, que Rotrou et Cor- neille débutent dans la tragédie.

��III

LA « MÉDÉE » DE CORNEILLE.

Qu'a emprunté Corneille à Euripide? presque rien. Qu'a-t-il emprunté â Sénèque? presque tout.

Il est vrai qu'il prend à Euripide le caractère d'.Egée, roi d'Athènes, négligé par Sénèque; mais l'emprunt est malheureux. Chez Euripide déjà, ^Egée faisait sourire; chez Corneille, les pré- tentions de ce galant suranné sont franchement comiques. Il faut avouer, d'autre part, que le Jasou grec jouait un rôle assez équivoque; mais que dire du rôle joué par le Jason français? Ici,

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