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ETUDE SUR MÉDÉE cxxvii

ne pouvait se décider à le frapper. Ce roi de Corinthe, entourt lie soldats, débute sans transition par la plus Tiolente des apo- strophes, puis, comme l'attitude de Médée lui donne à réflécliir, se tient prudemment à distance d'elle :

��(iardes, eiiipèchez-Ia de s'approolun' de moil

-Mais ce vers, semi-couiique. est traduit di- Séuèqne :

Arrote, fainuli, factu et arcPssu prociil I

C'est encore à ces soldats, utiles protecteurs de la majesté royale, qu'il s'adressera pour faire finir la « contestation éter- nelle » de Médée. Rassuré par leur présence, il parle le langage ([ui lui convient, celui d'un tyranneau de tragi-comédie ou de comédie même, d'un Prusias ou d'un Orgon :

��Ali ! l'innoconce même et la même candoui' Médée est un miroir de vertu signalée : Qiielli' inhumanité de l'avoir exilée !

��Sénèque avait fait dire seul(Muent à Créon : Quae causa pellat innocens mnlier rogat !

On le voit, Corneille y a mis encore du sien; mais, cette fois, au lieu d'élever et d'affermir le style tragique, il l'incline vers une familiarité peut-être excessive :

��Ton Jason, pris à part, est trop homme de bien... Son crime, s'il en a, c'est de l'avoir pour femme.

��Comment se fait-il donc qu'en ce débat entre Créon et Médée M. Guizot reconnaisse « cette raison puissante et grave, si étran- gère à la poésie de ce temps et qui mérita à Corneille cet éloge du poète anglais Waller : » Les autres font bien des vers ; mais Comédie est le seul qui fasse penser? » Sans doute Médée laisse échapper çà et là quelques beaux cris qui nous émeuvent. C'est

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