cxxviii ETUDE SUR MEDEE
la femme libre, la fille de roi, injustement bannie, qui inflige au despote cette leçon éloquente :
Quiconque sans l'ouïr condamne un criminel, Son crime eùt-il cent fois mérité le supplice, D'un juste châtiment il fait une injustice.
C'est la femme aimante, frappée dans son amour, qui s'écrie :
Tous vos héros, enfin, tiennent de moi la vie ;
Je vous les verrai tous posséder sans envie;
Je vous les ai sauvés, je vous les cède tous :
Je n'en veux qu'un pour moi, n'en soyez point jaloux.
C'est la mère qui, séparée de ses enfants, à qui l'on permet de rester à Corinthe, fait entendre cette plainte sincère :
Barl)are humanité, qui m'arrache à moi-même, Et feint de la douceur pour m'ôter ce que j'aime !
��Mais que de longueurs dans le récit qu'elle fait des travaux de Jasou, secondés par elle! et que de faiblesses encore dans cette langue mal affermie !
Seule, j'ai, par mes charmer,
.Mis au joug' les taureaux et défait les gens d'armes.
Tel quel, ce discours ne laisse pas que d'embarrasser Créon, moins fort sur la dialectique; ce qui surtout confond ce petit despote, c'est que le « sacré respect » de sa condition royale n'a pas suffi pour contraindre Médée au silence.
Pour lui, il a la superstition de l'infaillibilité monarchique. Un roi ne saurait être, à ses yeux, ni coupable, ni même ridicule. Voici, par exemple, le vieil .'Egée, roi d'Athènes, amoureux sénile de Creuse : il prête à rire assurément, mais il est roi, et cesse, dès lors, d'être plaisant :
��Un vieillard amoureux mérite qu'on en rie ; Mais le trône soutient la majesté des rois Au-dessus du mépris comme au-dessus des lois.
��Cela est fort heureux pour la tragédie; mais de quel air ^gée
�� �