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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/142

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GXXK ÉTUQi: SUR MEÛEE

ter : « Kous sommes majestueux, nous sommes tout-puissauts », et qui seront toujours iuipuissauts, comme ils sont déjà toujours humiliés. On dira qu'Euripide et Séuèque donnaient â Corneille le caractère de Créon : mais Euripide seul lui donnait celni d'iEgée, et ne prêtait pas à ce vieillard, à peine entrevu chez lui, les prétentions d'un galant attardé. Ni l'un ni l'autre prédéces- seur de Corneille navait montré Creuse sur la scène ; si Cor- neille l'y fait paraîti-e, ce n'est pas seulement par amour de la symétrie, pour compliquer l'action eu opposant ^Egée à Jason, Creuse à Médée, c'est que ce genre de caractères et d'entretit'ns était à la mode et que Corneille suivait la mode avant de la diri- ger. D'ailleurs, avec une gaucherie dont il ne se délivrera jamais tout à fait, il semble prendre plaisir à gâter ses inventions les plus originales. Si petite fille que Creuse paraisse à côté de Médée, la fiancée a sa place naturelle prés de l'épouse trahie, et l'antithèse est acceptable, à condition qu'on ne la force pas. Mais la Creuse de Corneille est tantôt nue jeune fille spirituelle et judicieuse, une Henriette de tragédie, tantôt une enfant capri- cieuse et coquette. N'est-elle pas une enfant véritable, crdle qui, en retour de la grâce accordée aux fils de Médée, sollicite avec lies instances passionnées, quoi? la robe de sa rivale î

La rol)f lie Méiloe a doiino dan* iiios voua.

��Le style ici est à la hauteur de la pensée. Voila donc révélé le .secret du jtremier acte, voilà éclairci le mystère duut la demande énigmatique de Creuse s'était enveloppée ! Quel mystère et quel secret! Comme le mot de cet énigme est digne de la tragédie! Que dire de cette princesse qui se déclare prête à renoncer à tout, pourvu qu'elle ait cette robe et Jason? Jason ne vient qu'au second rang. Mais que dire de Jasou, qui, avec une égale facilité, selon le mot de Voltaire, prend à sa femme ses enfants et ses habits ?

Acte III. — C'est à cette difficile ambassade que Jasoti consacre l'acte III. On peuse bien qu'il n'ose adresser directement à la farouche Médée une requête de cette nature; il l'adresse donc à sa suivante Nériue, personnage effacé, caractère indécis, qui ne sait guère que se lamenter, sans vouloir être complice des crimes de Médée, et sans oser les prévenir. Même à cette confidente il a quelque embarras à expliquer que Médée doit cette marque de reconnaissance à Creuse, ûlédée paraît ; aussitôt l'ambassade est oubliée, et l'ambassadeur, honteux, cherche à s'esquiver. Elle le retient, lui impose un nouveau récit de ses bienfaits, un nouvel et éloquent réquisitoire contre son ingratitude, l'oblige enfin à

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