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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/154

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ETUDE SUR MEDEE

��Tu ne savais (|up trop quel choix pouvait mo plaire Celui de la toison m'a fait voir tes mépris.

��D'un mot Jason pouvait se justifier, car c'est malgré lui qu'il s'est fait l'interprète du vœu de ses compagnons; si on l'eût écouté, c'est à l'amour seul qu'on eût demandé le succès: Médée séduite eût livré ce que Médée, irritée, refuse. Que faire"? Eu un pareil embarras, dans les tragédies, le monologue est de rigueur; dans une féerie, où tout doit être sensible, Jason n'a point la peine d'envisager le problème sous tous ses aspects, et d'essayer de le résoudre. La solution lui est apportée toute faite du ciel. Iris, messagère de Junon, paraît d'abord sur l'arc-en-ciel, puis Junon et Pallas dans leurs chars, traînés par des paons et des hiboux. Elles commandent à Jason de vaincre par l'amour, et l'obéissauce lui est facile; car c"est précisément la politique qu'il recommandait à ses amis. Pour l'y décid^^r, il n'était pas besoin, en vérité, que Juuon. comme chez Valerius Flaccus, prît les traits de Chalciope, sœur de ^lôdée. Ce grand séducteur ne s'a- bandonne à la passion que dans la mesure où il le veut bien; plus diplomate qu'amoureux, il pratique la morale de l'intérêt. S'il a aimé naguère Hypsipyle, princesse de Lemnos, c'est, on le sait, que les Argonautes avaient intérêt à « se rafraîchir » dans ce port, et Junon lui annonce justement qu'Hypsipyle, abandonnée, s'est mise à sa poursuite. Il faut donc se hâter de eouquéi'ir Médée, qui désire secrètement être désarmée, mais dont l'orgueil ne veut pas s'avouer vaiucu.

C'est aux bords du Phase qu'a lieu l'entrevue des deux amants au second acte, en face d'un paysage ainsi décrit par Corneille : « La rivière du Phase et le pays qu'elle traverse en font la décoration. On voit tomber de gros torrents des rochers qui lui servent de rivages, et l'éloignement qui borne la vue présente aux yeux divers coteaux dont cette campagne est enfermée. » Médée, il faut l'avouer, est bien civilisée pour une fille de ce pays sauvase :

��Tu mets dans tous mes sens le trouble et le divorce : Je veux ne t'aimer plus, el n'en ai pas la t'orce. Aché\e d'eblo lir un si juste courroux Qu'oîfusquent malgré moi des sentiments trop doux; Car enfin, et ma sœur l'a bien pu reronnailre, Tout violent qu il est, l'amour seul l'a l'ait naître; Il va jusqu'à la haine, et t rutefoi-^, helus .' Je te haïrais i)eu, si je ne t'aimais pas.

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