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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/17

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ÉTUDE D'ENSEMBLE

��Charmé de deux beaux yeux, mon vers charuia la cour, Et ce que j'ai de nom, je le dois à l'amour.

��SaLOS entrer dans le détail d'une question longtemps contro- versée, on peut affirmer que Corneille aima successivement Marie Courant, qui épousa plus tard M. du Pont, correcteur en la Chambre des Comptes de Normandie, puis .M"« Milel. Est-il vrai que Corneille ait écrit Mélile (1629) tout exprès pour y insérer un sonnet adressé à celle-ci, et que ce nom même de Mélitesoit l'anagramme (imparfait en tout cas) du nom de J\I"° Milet, qui elle-même aurait été l'héroïne d'une aventure analogue"? On ne saurait le dire non plus avec certitude. Ce qui nous paraît évi- dent, c'est que, s'il y a dans cette première comédie de Corneille quelques souvenirs personnels, quelques détails empruntés à la réalité, l'ensemble est de pure fantaisie. Mélite est une tragi- comédie comme en avait beaucoup écrit le vieux Hardy, qui appelait cet essai d'un inconnu « une jolie bagatelle », comme en écrivait alors même Rotrou, dont VHypocondria/^ue, antérieur à Mélile, a plus d'un trait de ressemblance avec elle. Selon une tradition accréditée, l'acteur Mondory, de passage à Rouen, vit Corneille, lut sa pièce, et la fit jouer, sans nom d'auteur, à Paris, sur le théâtre du Marais, alors nouveau, ou plutôt nouvoUement rouvert. « Le succès en fut surprenant, dit Corneille dans sou Examen. Il établit une nouvelle troupe de comédiens ù Paris, malgré le mérite de celle qui était en possession de s'y voir l'unique; il égala tout ce qui s'était fait de plus beau jusqu'alors, me fit connaître à la cour. •

N'y a-t-il pas quelque exagération involontaire dans ce dernier trait? Ce poète de province, que Mondory traitait ainsi sans facon^ qui prenait le coche pour venir .assister à son triomphe j>lus ou moins anonyme, et qui, à Paris, apprenait, de la bouche des connaisseurs, un peu dédaigneux de ce débutant, que sa pièce n'était pas « dans les vingt-quatre heures », dont enfin les .premiers vers imprimés sont un quatraia enthousiaste en l'hon- neur du Ligdamon de Scudéry, a-t-il pu .devenir, du premier coup, le favori de la cour et de la ville? Dans le plein éclat de sa gloire, n'a-t-il pas oublié l'obscurité de ses commencements? Qu'on y songe : Pierre Corneille n'est pas encore l'auteur de Polyeucle; il vient d'acquérir la charge d'avocat général à la

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