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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/199

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INTRODUCTION 25

« Je ne connais point le Cul de Guiliiem de Castro, dit Schle- <re\^- mais, à enjugi-r par les morceaux cités dans Corneille, il est écrit fort simplement et n'a point la pompe de style de la tra-'édie française; je ne sais si le mérite d une diction plus élevée" n'a point été acheté par quelque sacrifice particulier. » Le bienveillant Schlegel eût été éclairé sans doute et rassure, s'il eût pu lire la savante et fine analyse comparative ^ ou M. Vi"uier a su se tenir également en garde contre les pre- ventio^ns puériles d'un faux patriotisme, et contre l'équivoque «énérosilé de ces critiques toujours prêts à rabaisser les gloires nationales au profit des gloires étrangères. On ne peut guère que résumer son beau travail, en parcourant après lui, mais plus rapidement, ces trois « journées », dont les deux dernières ont une durée de plusieurs mois.

Première journée.

La première journée, la seule qui ne dure vraiment qu'un jour, comprend quatre scènes principales.

Scène f°. — Rodrigue est armé chevalier dans la chapelle royale de Saint-Jacques, à Burgos. Le roi lui donne sa propre cuirasse, l'infante lui chausse les éperons, et, déjà rivale de Chimène, qui assiste à la cérémonie, sent naître en son âme une tendre admiration pour le jeune héros. Corneille a sup- primé cette scène à grand spectacle, qui expliquait mieux le rôle futur de l'infante, mais aussi donnait à ce rôle une im- portance qu'il s'attache précisément à restreindre.

Scène 2. —En plein conseil royal, éclate la querelle de don Gormas et de don Diègue, et c'est devant le roi que don Diègue reçoit le souffiet fameux; puis l'agresseur se fraye un passage, l'épée à la main, à travers les gardes qui essayent en vain de l'arrêter, et le roi, qui a donne l'ordre de le saisir, donne l'ordre trop prudent de ne pas le poursuivre. Ict encore, notre poêle s'est privé volontairement de la pompe d'un spectacle, où la dignité royale,^ d'ailleurs, pouvait sem- bler compromise. Le roi pourtant n'est pas loin :

Le Comte, en votre cour, la fait presque à vos yeux.

Mais le dialogue multiple de Castro n'est plus, chez Corneille,

1. Cours de lit'érature dramatique, 11. p. 181-182. t. Ua la trouvera dans l'édition Îlarty-Laveaui.

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