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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/200

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K LE CID

qu’un duo ou même un monologue. « Oui, s’écrie don Diègue, rappelez, rappelez le Comte, qu’il vienne remplir la charge de gouverneur de votre fils ! » Ce cri, dans le Cid, n’est plus qu’une sorte de réflexion amère :

Comte, sois de mon prince à présent gouverneur : Ce haut rang n’admet pas un homme sans honneur.

Scène 3. — Dans la salle d’armes du château de don Diègue, les frères de Rodrigue, Hernan Diaz et Bermudo, s’entre- tiennent avec le nouveau chevalier. Don Diègue entre, les écarte, détache du mur la grande épée du maure Mudarra, qu’il fait effort pour manier, mais qui, trop lourde, l’entraîne après elle (Corneille dira la chose sans la montrer : Ce fer que mon bras ne peut plus soutenir...) C’est alors que, ne pouvant se venger lui-même, il cherche des vengeurs en ses flls : aux deux premiers il serre rudement les os de la main, mais il ne leur arrache qu’un cri de douleur; à Rodrigue il mord le doigt, et arrache un cri de colère : « Lâchez-moi, mon père, lâchez-moi à la malheure! Lâchez: si vous n’étiez pas mon père, je vous donnerais un soufflet. — Et ce ne serait pas le premier! — Comment? — Fils de mon âme, voilà le ressentiment que j’adore, voilà la colère qui me plaît, la vaillance que je bénis. » El d’un côté il lui montre sa joue meurtrie, de l’autre il lui remet l’épée de Mudarra, double réalité que Corneille a remplacée par cette double abstraction :

Enfin, tu sais l’affront, et tu tiens la vengeance.

L’épreuve sauvage du doigt mordu et le cri sauvage qui échappe à Rodrigue, tiennent en moins de deux vers :

Rodrigue, as-tu du cœur? — Tout autre que mon père L’éprouverait sur l’heure.

En revanche, il adonné au monologue lyrique de Rodrigue désespéré un développement plus large et un accent plus humain.

Scè7ie 4. — Comme la querelle, le duel, on le comprend, doiJ se passe r au grand jour et devant tous. En apparence, Corneille suit ici assez fidèlement l’espagnol : » Que me veux-tu? — Je veux te parler : ce vieillard que tu vois-là, sais- tu quel il est? — Oui, je le sais. Pourquoi cette question? — - fourquoi? parle bas, écoute. — Dis. — Ne sais-tu pas qu’il

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