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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/216

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is Le cib

lois. «( Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses », a dit La Roctiefoucauld. La folie du duel élail de celles-là; on n'en guérit pas au xvii^ siècle.

Car c'est le xvii« siècle tout entier qui fut infecté de celle contagion. Qu'on en suive le développement dans une seule famille. Le baron de Chantai, père de M™« de Sévigné, vient de faire ses pâques fort dévotement; dans l'église même, ii apprend que Bouleville l'attend à la porte Saint-Antoine en qualité de second; il y court aussitôt sans changer d'habit, en petits souliers à mules. Un proche parent des Chantai, Bussy- Rabutin, va se battre; c'est une partie carrée, quatre contre quatre. Ses trois seconds sont au complet. Un gentilhomme inconnu lui offre pourtant ses services; il les décline, et l'in- connu s'adresse alors à son adversaire. Mais la partie n'est plus égale. Qu'à cela ne tienne! Un mousquetaire passe sur le Pont-Neuf, on l'arrête, et le voilà de la partie. C'est un duelliste aussi que M™° de Sévigné a épousé : appelé sur le terrain par le chevalier d'Albret, il s'y rend, proteste qu'on l'a calomnié, qu'il n'a jamais mal parlé de son adversaire, l'em- brasse, puis, pour satisfaire au point d'honneur, met l'épée à la main, et tombe bientôt, frappé à mort.

Cette année même (1651), Louis XIV atteignait l'âge de sa majorité : l'édit contre le duel qu'il fit enregistrer dans son premier lit de justice est le plus rigoureux qui eût encore paru, puisqu'il appliquait la peine de mort, dans tous les cas, aux duellistes et à leurs seconds. Il fut renouvelé en 1653, 1656.. 1658, et l'on put croire, dès lors, le duel « presque exter- miné ' ». D'autre part, à la même époque, une sorte de croi-

1. Voyez les Mémoires de Louis XIV et ceux de M"» de Motteville, qui attribue A la relue mère autant qu'au jeune roi, « l'abolition des duels... heureuie réyo- Mtion ». Le gazetier Loret écrit à la date du samedi 16 avril 1632 :

Un gentilhomme, vendredy,

M'apprit qne l'antre samedy

Loots, notre aimable monarque

Pour donner nne sainte marque

Qne le cœor de Sa Majesté

Est an bien tout à fait porté.

Assemblant plusieurs grands de France

Parmy lesquels il prit séance,

Blâma les procédez eriiels

Des félons et san^lans duels.

Et protesta (comme le maître).

Si qnelqnes-UDs faisaient paraître

D'être encor brutaux jusqu'au point '

Qne de mètre bas le pourpoint,

De n'aecorder à leur audace

Ny pitié, ny pardon, ni graee.

Chacun approuva cette loy,

Kt, pour suivre l'instinct "do Roy,

On doit la semaioe suivante

Ké(lar cette «ffeire important*.

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