Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/221

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INTRODUCTION *"*

Mais il est certain qu'en 1636 le dogme était établi : « Il y a des femmes, écrivait Balzac», qui jugent aussi hardimenl de nos vers et de notre prose que de leurs pomts de benes 'et de leurs dentelles... On ne parle jamais du C;irf,qu elles ne parlent de l'unité du sujet et de la règle des vingt-quatre heuros. .> C'est que le cardinal et Chapelain n entendaient pas raillerie sur cette matière: n'est-ce pas un des plui fidèles collaborateurs de Richelieu, Desinarets de bainl- Sorlin, qui met dans la bouche dune de ses trois « vision- naires >. (peut-être M'"" de Rambouillet) cette fine apologie des unités de temps et de lieu :

Il faut poser le jour, le lieu quon va choisir;

Ce qui vous interrompt ôte tout le plaisir.

Tout changement détruit cette agréable idée.

Et le fil délicat dont notre àme est guidée.

Si l'on voit quun sujet se passe eu plus d un jour :

« L'auteur, dit-on alors, m'a fait un mauvais tour ;

Il m'a fait sans dormir passer des nuits entières.

Excusez le pauvre homme, il a trop de matières. »

L'esprit est séparé, le plaisir dit adieu.

De même arrive-t-il. si l'on change de lieu;

On se plaint de l'auteur : « Il ma fait un outrage!

Je pensais être à Rome, il m'enlève à Carthage;

"Vous avez beau chanter et tirer le rideau.

Vous ne m'y trompez pas, je n'ai pas passe leau*. »

Plus d'une de ces épigrammes atteignait Corneille, et ne l'attei«nait pas seul. L'auteur du Cid reconnaissait et respec- tait la loi nouvelle, puisqu'il s'appliquait à la tourner, ou selon sa propre expression, à l'apprivoiser. Son txainen et ses Discours abondent en aveux sincères : << Je ne puis denier Que la rèçle des vingt et quatre heures presse trop les inci- dents de'cette pièce^... Je m'assure que si on racontait dans un roman ce que je fais arriver dans le Cid, on lui donne- rait un peu plus d'un jour pour l'étendue de sa duree\.. La vraisemblance est un peu forcée... Le Cid n a pas assez de loisir pour se battre contre don Sanche durant 1 entretien de linfante avec Leonor et de Chimène avec Elvire ». » Il est vrai qu'il se justifie par l'exemple de VAgamemnon dEichyle

l. LWre XIX, lettre 25. î. Visionnaires, IV, î,

3. Examen du Cid.

4. Discours sur la tragédie.

5. Discours des trait umU$.

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