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M LE GID

amour, aosame Carlos, dans Don Sanche, par le double amoui

d'Isabelle et de dona Élvire, princesse d'Aragon ; mais il n'n invoqué nulle part cette excuse, et l'on a vu qu'il faisait assez bon marché de ce personnage épisodique . Ne soyons pas plus cornéliens que Corneille, et n'oublions pas qu'on a pu reiran- cher au théâtre le rôle entier de l'infante sans que l'action en souffrît beaucoup, sans même que le public prît garde à cette coupure, qui rendait la drame plus clair et plus vif.

« Tous les critiques français, dit Schlegel •, s'accordeat à trouver le rôle de 1 infante inutile ; maisl'auleurespagnol avait jugé que l'amour d'une princesse donnait à Rodrigue quelque chose de si brillant et le désignait si bien comme la fleur de la chevalerie que la passion de Chimène en devenait plus excusable. » Il est vrai que le caractère de l'infante est beau- coup plus précis et plus vivant dans l'espagnol ; tandis que Corneille, suivant la remarque de Sainte-Beuve-, n'a guère peint que le sentiment de l'amour pur en opposition avec celui du devoir ou de la dignité, Castro avait donné une physionomie personnelle et touchante à cette princesse orpheline, qui n'est pas aimée de son frère, qui se sent isolée et cherche an protecteur : c'est elle qui chausse les éperons à Rodrigue lorsque Rodrigue est armé chevalier, elle qui lui sauve la vie en arrêtant la poursuite des gens du comte, après le duel, elle qui, du haut de son balcon, adresse ses plus tendres sou- haits au futur vainqueur des Maures.

Pourquoi Corneille a-t-il conservé ce rôle en l'affaiblis- sant? Au moment où il créait le caractère de don Sanche, il ne pouvait songer à supprimer celui de l'infante; car don Sanche et l'infante, vis-à-vis de Rodrigue et de Chimène, c'est la réalité vis-à-vis de l'idéal. Cette réalité sans doute, en plus d'un moment, est encore digne de la tragédie. L'infante a sa fierté :

Tout autre qu'un monarque est indigne de moi ».

Si elle aime Rodrigue, c'est qu'elle l'admire ; par là elle gst cornélienne :

Je n'aime plus Rodrigue, un simple gentilhomme. Nou> ce n'est plus ainsi que mon amour le nomme:

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