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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/264

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90 LE CID

��traîner dans les personnalités misérables. Les Observations sur le Cid, de Scudéry, portèrent le débat sur le terrain de là. tliéori6« 

Cet étrange morceau de critique littéraire débute par cet exorde pompeux : « Il est de certaines pièces comme de certains animaux qui sont dans la nature, qui de loii semblent des étoiles, et qui de près ne sont que des vermis- seaux. Tout ce qui brille n'est pas toujours précieux; on voit des beautés d'illusion comme des beautés etlectives; et sou- vent l'apparence du bien se fait prendre pour le bien même. Aussi ne m'étonné-je pas beaucoup que le peuple, qui porte le jugement dans les yeux, se laisse tromper par celui de tous les sens le plus facile à décevoir; mais que cette vapeur grossière qui se forme dans le parterre ait pu s élever jusqu'aux galeries, et qu'un fantôme ait abusé le savoir comme l'ignorance, et la cour aussi bien que le bourgeois, l'avoue que ce prodige m'étonne, et que ce n est qu en ce bizarre événement que je trouve le Cid merveilleux. «Cette gloire, qui à d'autres paraissait éclatante, « faisait pitie » a Scudéry, qui pourtant, « bon et généreux » par nature, n'aurait fait voir à personne les taches qu'il apercevait en cet ouvrage, si l'auteur n'avait osé « se déifier d autorité privée ». Toutefois il daigne encore ne pas « combattre ses mépris par des outrages », atta(^uer sa pièce et non sa per- sonne : « Comme les combats et la civilité ne sont pas incompatibles, je veux baiser le Ûeuret dont je prétends^ lui porter une botte franche... Je le prie d'en user avec la même retenue, s'il me répond, parce que je ne saurais m dire m souffrir d'injures. Je prétends donc prouver contre celte pièce du Cid : que le sujet n'en vaut rien du tout; qu il choque les principales règles du poème dramatique; qu'il manque de fugement en sa conduite ; qu'il a beaucoup de mechants vers ; que presque tout ce qu'il a de beautés sont dérobées; et qu'ainsi l'estime qu'on en fait est iniuste. >) . j-xtaver

Doctement, pesamment, et ne manquant jamais d eta}er son oriî^on de l'opinion d'Aristote, Scudéry va développer

le'su[e°'ïl vaut rien du tout. - En effet, l'invention n'en appartient pas à Corneille et n'a rien de vraiment dran^a- tique, puisque dès le début de l'intrigue on en prévoit la fin Il choque les principales règles du poènae dramatique car s'il est vrai, bisloriquement,que le Cid épousa Chimène, if n'es point vraisemblable, au point de vue famalique auune fille d'honneur se rende parricide en épousant le meurtrier de son père : cette invraisemblance est accrue par

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