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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/268

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M LE GID

me demanderez mon amitié avec des termes plus civils, j'a- assez de bonté pour ne vous la refuser pas, et me taire de- défauts de votre esprit que vous étalez dans vos livres. Jusijue U, je suis assez glorieux pour vous dire de porte à porte qiK je ne vous ciains ni ne vous aime... Je mécontente pourtouie apologie de ce que vous avouez qu'il a eu lapprobiition des savants et de la cour. Cet éloge véritable, par où vous com- mencez vos censures, détruit tout ce que vous pouvez dire après. 11 suffît qu'ayez fait une folie à m'attaquer, sans que j'en fasse une à vous répondre comme vous m'y conviez; et puisque les plus courtes sont les meilleures, je ne ferai point revivre la vôtre par la mienne. Résistez aux tentations de ces gaillardises qui font rire le public à vos dépens, et continuer a vouloir être mon ami, afin que je me puisse dire le vôtre. »

Que ScudéiT eût publié ses Observations « ou pour se satis- faire lui-même, ou, comme quelques-uns disent, pour plaire au cardinal, ou pour tous les deux ensemble' », il dut recon- naître (|ue son espoir était déçu, car il ne sortait pa^ à .son honneur de ce premier engagement, et son humi iation n'était faite, ni pour le réjouir, ni pour réjouir le cardinal. Comme il arrive d'ordinaire, dés qu'il fut évident que '^.orneille avait l'avantage, on se porta de tous côtés à son secours; mais ses alliés nouveaux restèrent prudemment anonymes, car Riche- lieu pouvait être un ennemi plus redoutable que Scu- déry. La défense du Cid fut le premier plaidoyer en faveur de « cette belle tragi-comédie ». La voix publique à M. de Scudéry sur les observations du l'id, conseillait au pré- somptueux agresseur de se taire. Il suffit de citer Le souhait du Cid en faveur de Scudéry : une paire de lunettes pour faire mieux ses observations. S'il fallait croire Nicéron, un de ces pamphlets obscurs eût pu être signé d'un grand nom : « L'in- connu et véritable ami de MM. Scudéry et Corneille est de Rotrou. » Mais l'affirmation de Nicéron est plus que contes- table : dans ce médiocre libelle, beaucoup plus favorable à l'auteur de V Amant libéral qu'à l'auteur du Cid, rien ne porte la marque de Rotrou, écrivain toujours original, ami toujours fidèle de Corneille.

Parmi ces combattants masqués un nouveau combattant à visage découvert vint prendre place. C'était Claveret, ancien avocat à Orléans, parasite aux airs de valet. D'aucuns affir- maient même qu'il avait été jadis valet pour tout de bon, qu'on avait goûté de ses sauces, et qu'il avait fait la connais^

��1. PelliMon, BUtoire de F Académie françaim.

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