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INTRODUCTION 95

sance de Corneille « en lui versant à boire » chez les grands seigneurs'. Mais c'était le calomnier : dès la Veuve, il était imi de notre poète; en tête de la première édition de cette comédie, une pièce de vers élogieuse de lui est associée aux pièces « liminaires » de Mairet et de Scudéry. 11 n'est donc pas surprenant qu'il se soit associé aussi à la palinodie de Scudéry et de Mairet; mais il est remarquable qu'il ait mon- tré plus d'audace encore, quoique plus obscur, car ni Scu- déry ni Mairet n'avait osé se nommer d'abord. D'où lui vient cette intrépidité? D'un afTront immérité qu'il prétendait avoir reçu de Corneille. Dans sa Lettre apologétique, celui-ci avait écrit : « 11 n'a pas tenu à vous que du premier lieu, où beau- coup d'honnêtes gens me placent, je ne sois descendu au-des- sous de Claveret. » Certes, l'outrage était sanglant ; mais Claverel fait l'innocent lorsqu'il feint d'ignorer ce qui le lui a valu. Le pauvre homme ! il était tout prêt, lui, Claveret, à confesser que Corneille était plus grand homme que lui. Quelle générosité et comme il devait peu s'attendre à l'agres- sion de Corneille ! Ce que Claveret ne dit pas, c'est qu'il a le premier déclaré la guerre à Corneille, c'est qu'il a répandu dans Paris les stances injurieuses que Mairet avait lancées du Mans contre leur ancien ami. La revanche de Corneille est cruelle; mais c'est une revanche.

Rien n'égale la platitude de la Lettre du sieur Claveret au sieur Corneille soi-disant auteur du Cid (1637); mais elle eut ce mérite de provoquer la plus mordante des ripostes. L'ami du Cid à Claveret est un des plus brefs, mais aussi un des plus alertes pamphlets qu'ait vu éclore cette querelle. On y oppose avec dédain aux piteuses comédies de Claveret « le plus bel ouvrage de théâtre que nous ayons vu jusqu'à pré- sent ». — « Et pour couronnement de chef-d'œuvre, s'écrie- t-on, vous faites une mauvaise lettre où vous tranchez du cen- seur, et, si je ne me trompe, du vaillant. Taisez-vous, mon- sieur Claveret, taisez-vous, et vous souvenez que vous ne pouvez être ni l'un ni l'autre, et que votre personne est si peu considérable que vous ne devez jamais croire que M. Corneille ait eu envie de vous choquer... Songez seulement à ce que vous êtes; que les sottises de votre lettre fâchent tous les honnêtes gens; que cela vous rend bernable par tout pays; çue tout ce qu'elle contient est trop plat et trop peu fort pour

1. Lettre pottr M. de Corneille contre ces mots de la lettre sous le nom éTAriste : Je fis donc résolution de guérir ces idolâtres. Cette pièce suit U Lettre d *** sous le nom d'Ariste et la Réponse de *** à *** sous le nom d'Ariste (1637) que nous devrions citer ici, à ne consulter que les dates, mais aux quellas nous Krleodrons, «ar ellos ramenèrent Mairet dans la lie*.

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