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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/287

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rayon de jeunesse et de lumière. C’est une pure tragi-comédie, tour à tour épique et lyrique. Horace est une tragédie classique, belle d’une beauté sobre et forte, mais plus abstraite. Dans le premier chef-d’œuvre de Corneille une fantaisie plus libre se joue ; le second, moins bien composé peut-être, semble pourtant avoir quelque chose de plus régulier et de plus mûr. Là, nous sommes en plein moyen âge, au seuil de ce monde moderne dont le domaine s’offre infini au poète ; ici, nous rentrons dans le domaine de l’antiquité, où l’on peut trouver à glaner encore, mais qui n’est plus vierge. Qui rendre responsable de ce retour en arrière ? Richelieu, Scudéry et Mairet, l’Académie ? Tous peut-être, à condition qu’on ne les charge point seuls pour décharger Corneille, dont la timidité, au reste, est naturelle, et la lassitude excusable; à condition surtout qu’on ne déplore pas outre mesure un recul qui fut plutôt un temps d’arrêt, et ne fut nullement, en tout cas, le point de départ de la décadence. Sans parler des personnages et des scènes tragi-comiques que le poète mêle à ses tragédies classiques proprement dites, il suffit de citer Nicomède pour prouver qu’il ne renonça jamais tout à fait au « drame », Don Sanche pour prouver qu’il ne déserta pas le moyen âge sans espoir de retour. Seulement il a vieilli dans l’intervalle, et le charme du Cid, ce je ne sais quoi d’exquis dans le parfait, s’est évanoui.


CHAPITRE IV

Histoire de la pièce. — Le Cid jusqu’à nos jours.

I

LE CID AU XVIIe SIÈCLE.

Le succès du Cid peut se mesurer au nombre d’imitations et même de parodies qu’il fit naître. On en trouverait, croyons-nous, des souvenirs évidents jusque chez ceux qui se déchaînèrent le plus ouvertement contre lui ; on en trouverait de plus frappants encore chez le seul des rivaux de Cor-