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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/319

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AVERTlîSSEiMENT 145

entendent i'espagaol y remarqueront deux circonstances : l'une, que Chimèa;, ne pouvant s'empêcher de reconnaître vi d'aimer les beli.'> qualités qu'elle voyait en don Rodrigue. quoiqu'il eût tué on père [estaba prendada de suspartes), alla proposer elle-mô le au roi cette généreuse alternative, ou qu'il le lui donna; pour mari, ou qu'il le fit punir suivant les lois; l'autre, que ce mariage se nt au gré de tout le monde [a todos estaba a cuento). Deux chroniques du Cid ajoutent qu'il fut célébré ptir l'archevêque de Séville, en présence du ro: ;-[ ue toute sa cour; mais je me suis contenté du texte de l'histoiM^, î»arce qae. toutes les deux ont quelque chose qui sent le rouj^n, et pensent ne persuader pas davantage que * celles que nos Fri;;çai> ont faites de Charlemagne et de Roland. Ce que j'ai rappofhé de Mariana suffît pour faire voir l'état qu'on fit * de Chimèae et de son mariage dans son siècle même, où elle vécut en un tel éclat, que le? :'.'^is d'Ara- gon et de Navarre tinrent à honneur d'êlib ses genciies, en épousant ses deux filles '. Quelques-uns ne l'ont pas si bien traitée dans le nôtre; et, sans parler de ce qu'on a dit de la Chimène du théâtre, celui qui a composé l'histoire d'Espaj^ne en français l'a notée *, dans son livre, de s'être tôt et aisé- ment consolée de la mort de son père, et a voulu taxer de légèreté une action qui fut imputée à grandeur de courage par ceux qui en furent les témoins. Deux romances espa- gnoles, que je vous donnerai ensuite de cet avertissement, parlent encore plus en sa faveur. Ces sortes de petits poèmes sont comme des originaux décousus de leurs anciennes his- toires; et ;<» serais ingrat envers la mémoire de cette héroïne, si, après l'avoir fait connaître en France, et m'y être fait connaître par elle, je ne tâchais de la tirer de la honte qu'on lui a voulu faire, parce qu'elle a passé par mes mains. Je vous donne donc ces pièces justificatives de la réputation où elle a vécu, sans dessein de justifier la façon dont je l'ai fait parler français. Le temps l'a fait pour moi, et les traductions qu'on en a faites en toutes les langues qui servent aujourdhui k la scène, et chez tous les peuples où l'on voit des théâtres, je veux dire en italien, flamand et anglais, sont d'assez glo- rieuses apologies contre tout ce qu'on en a dit ^. Je n'y ajou-

1. Davantage que celles, tournure condamnée aujourd'hui par les grammairiens ■sais très usitée au ztiu° aussi bien qu'au zvii* siècle.

2. L'état qu'on fit de Chimène. Sur faire état pour faire cas, voyei les Mrs 515 et 538 d'Horace.

3. En épousant ies deux filles. Vovez la page 15 de l'introducfion.

i. L'a notée, l'a blâmée ; c'est le sens du latin notare, flétrir. Il s'agit fet d« {'Histoire générale dC Espagne, par Loys de Mayerne Turquet ; Lyon, 1587. S. Vojrex la page 79 da l'Introduction.

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