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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/32

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svra BIOGRAPHIE DE CORNEILLE

neille à Boileau, rapporté par Brossette : « Je suis saoul de gloire ■et affamé d'argent », ce mol q-ue Boileau avait mis en vers au quatrième chant de l'Art poétique, est douteux, et, en tout cas, se rapporte à une époque très postérieure, où les charges de famille s'étaient encore accrues, où les échecs avaient humilié le vieux triomphateur. On en peut dire autant des commérages de Charpentier : « Cornerlle, avec son patois normand, vous dit franchement qu'il ne se soucie point des applaudissements qu'il obtient ordinairement sur le théâtre, s'ils ne sont suivis de quelque chose de plus solfde '. » On reconnaît ici le mot de La Bruyère, mais sans ce qu'il avait d'exagéré, car, si l'on n'admet point que Corneille jugeât ses pièces seulement d'après ce qu'elles lui rapportaient, on admet avec moins de peine qu'il ne séparât point le profit de l'honneur. Est-ce à dire pourtant qu^il faille s'associer au regret si injuste de Tallemant : « C'est dommage; que cet homme n'est moins avare 2? » De quoi donc le farouche Tallemant se montre-t-il si fort scandalisé? D'une pauvre cham- bre, qui ne fut guère occupée, on serait tenté de dire d'une chambre honoraire, réservée à Corneille dans l'hôtel de Guise. Mais, encore une fois, tous ces témoignages et tous ces faits sont postérieurs, et si on les mentionne ici, c'est pour marquer dès à présent un trait de la physionomie de Corneille, en prenant garde de le marquer trop fortement.

Cette vie de famille n'était point l'isolement, et il ne faudrait pas croire que Corneille s'y fût réfugié par dégoût de la vie active, par rancune contre les ennemis qui avaient essayé de lui faire échec. A la veille de son mariage, au lendemain de la campagne du Cid, on le voit lire son Horace, chez qui? chez Boisrobert, devant un aréopage où siégeaient Chapelain, l'Estoile et d'Aubignac. Sis ans après, en 1646, en tête des Èpilres du même Boisrobert, s'étale un certificat poétique, signé Corneille, qui vante « l'heureux génie » de l'abbé de Chàtillon :

Le temps respectera tant de naïveté, Et pour un seul endroit où tu me donnes place, Tu ni.'assures bien mieux de l'immortalité Que Cinne, Rodogune, et le Cid, et V Horace.

��1. Carpenteriana. '2. Hislorieltes.

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