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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/331

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EXAMEN 157

babilifi^ parmi nous, pour ceux qui n'ont point été sur le lieu même.

Ct- iC arrivée des Maures ne laisse pas d'avoir ce défaut qu'> jVi remarqué ailleurs', qu'ils se présentent d'eux-mêmes, sni-ji être appelés dans la pièce directement ou indirectement j«:'j aucun acteur du premier acte. Ils ont plus de justesse •aaus l'irrégularité de l'auteur espagnol : Rodrigue, n'osant plus se montrer à la cour, les va combattre sur la frontière, et ainsi le premier acteur les va chercher, et leur donne place dans le poème ; au contraire de ce qui arrive ici, où ils semblent se venir faire de fête ^, exprès pour en être battus, èi lui donner moyen de rendre à son roi un service d'impor- tance, qui lui fasse obtenir sa grâce. C'est une seconde incom- modité de la règle dans cette tragédie.

Tout s'y passe donc dans Séville, et garde ainsi quelque espèce d'unité de lieu en général ; mais le lieu particulier change de scène, et tantôt c'est le palais du Roi, tantôt l'ap- partement de l'infante, tantôt la maison de Chiméne, et tantôt une rue ou place publique. On le détermine aisément 90ur les scènes détachées ; mais pour celles qui ont leur liaison ensemble, comme les quatre dernières du premier acte, il est malaisé d'en choisir un qui convienne à toutes. Le Comte et don Diègue se querellent au sortir du palais; cela se peut passer dans une rue ; mais, après le soufilet reçu, don Diègue ne peut pas demeurer en cette rue à faire se plaintes, atten- dant que son fils survienne, qu'il ne soit tout aussitôt envi- ronné de peuple, et ne reçoive l'offre de quelques amis. Ainsi il serait plus à propos qu'il se plaignît dans sa maison, où le met l'Espagnol, pour laisser* aller ses sentiments en liberté ; mais, en ce cas, il faudrait délier les scènes comme il a fait. En l'état où elles sont ici, on peut dire qu'il faut quelquefois aider au théâtre, et suppléer favorablement ce qui ne s'y peut représenter. Deux personnes s'y arrêtent pour parler, et quelquefois il faut présumer qu'ils marchent, ce qu'on ne peut exposer sensiblement à la vue, parce qu'ils échapperaient aux yeux avaat que d'avoir pu dire ce qu'il est nécessaire qu'ils fassent savoir à l'auditeur. Ainsi, par une fiction de théâtre, on peut s'imaginer que don Diègue et le tomte, sortant du palais du roi, avancent toujours en se

Iuerellant, et sont arrivés devant la maison de ce premier )rsqu'il reçoit le soufflet qui l'oblige à y entrer pour y cher.

1. Dans le Discourt du poème dramatique.

S. Se faire de fête, c'est faire comme si on était d'une fête, interyonir Mnt «voir été appelé : « Les armées ne manquent pas de gens qui aiment à m fairt et fét« et k s'emprasser. » (Saint-Simon.)

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