158 LE CID
cher du secours. Si cette fiction poétique ne vous satisfait jioiiit, laissons-le dans la place publique, et disons que le concours du peuple autour de lui après cette otfense, et les otfres de service que lui l'ont les premiers amis qui s'y ren- contrent, sont des circonstances que le roman ne doit pas oublier ; mais que ces menues actions ne servant de rien à la principale, il n'est pas besoin que le poète s'en embarrasse sur la scène. Horace l'en dispense par ces vers :
Hoc amet, hoc spernat promissi carminis auctor; Pleraque negligat '.
Et ailleurs :
Semper ad eventum festinet *.
C'est ce qui m'a fait négliger, au troisième acte, de donnei à don Diègue, pour aide à chercher son fils, aucun des cinc cents amis qu'il avait cLci: lui. Il y a grande apparence que quelques-uns d'eux l'y accompagnaient, et même que quelques autres le cherchaient pour lui d'un autre côté; mais ces accompagnements inutiles de personnes qui n'ont rien à dire, puisque celui qu'ils accompagnent a seul tout l'intérêt à l'action, ces sortes d'accompagnements, dis-je, ont toujours mauvaise grâce au théâtre, et d'autant plus que les comé- diens n'emploient à ces pertonnages muets que leurs mou- cheurs de chandelles et leurs valets, qui ne savent quelle posture tenir.
Les funérailles du comte étaient encore une chose fort embarrassante, soit qu'elles se soient faites avant la fin de la pièce, soit que le corps ail demeuré en présence, dans son hôtel, attendant qu'on y donnât ordre. Le moindre mot que j'en eusse laissé dire, pour en prendre soin, eût rompu toute la chaleur de l'attention, et rempli l'auditeur d'une fâcheuse idée. J"ai cru plus à propos de les dérobera son imagination par mon silence, aussi bien que le lieu précis de ces quatre grandes scènes du premier acte dont je viens de parler; et je m'assure que cet artifice m'a si bien réussi, que peu de per-
t. Citation peu exarte. Hoi-ace dit aux vers 44 et 43 de VArt poétxqtÊ» ,
Pleraque différât et prsexeni in temptu omittat ; Boc amct, Iwc spernat jiromisai carminiê auctor.
i. L« texte iatia donne festinat. [Art poétique, r. 148.)
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