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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/350

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176 LE GID

��LE COMTE.

��Les exemples vivants sont d'un autre pouvoir ;

Un prince dans un livre apprend mal son devoir.

Et qu'a fait après tout ce grand nombre d'années,

Que ne puisse égaler une de mes journées?

Si vous fûtes vaillant, je le suis aujourd'hui, 195

Et ce bras du royaume est le plus ferme appui.

Grenade et l'Aragon tremblent quand ce fer brille ;

Mon nom sert de rempart à toute la Castille :

Sans moi, vous passeriez bientôt sous d'autres lois,

Et vous auriez bientôt vos ennemis pour rois, 200

Chaque jour, chaque instant, pour rehausser ma gloire,

Met lauriers sur lauriers, victoire sur victoire.

Le Prince à mes côtés ferait dans les combats

L'essai de son courage à l'ombre de mon bras;

Il apprendrait à vaincre en me regardant faire, 205

Et, pour répondre en hâte à son grand caractère.

Il verrait...

D. DIÈGUE.

Je le sais, vous servez bien le Roi : Je vous ai vu combattre et commander sous moi. Quand l'âge dans mes nerfs a fait couler sa glace, Votre rare valeur a bien rempli ma place ; 2iO

« Ordonner l'ost, c'est ranger l'armée en bataille, mettre son armée en ordon- nanre de combat, actes instruere, ordines instituere. »

190. Bâtir, au figuré, est employé par Corneille dans un emploi encore plus hardi :

Bâtissant en l'air sur le malheur d'antrai. {Horace, 1229.)

19t. Var. Les exemples vivants ont bien plus de pouvoir. (1637-56.)

D'un autre, d'un tout autre, d'un bien plus grand pouvoir. C'est que, sui- vant le mot de la Rochefoucauld, « rien n'est si contagieux que l'exemple ». {Maximes, 230.)

197. Vers sonore et pittoresque, image saisissante dont l'esprit reste comme illuminé, et qui ôte à la pensée ce qu'elle pourrait avoir d'outrecuidant. Le comte parle ici en matamore, mais en matamore tragique, et l'on oublie de ■ourire à force d'admirer.

SOO. Vinr. Et, SI vous ne m'aviez, vous n'anricz plus de rois.

Chaque jour, chaque instant entasse pour ma gloire

Laurier rtes-ns laurier, viotoire sur victoire.

Le Prince, pour essai de générosité,

Gagnerait rli^s combats marchant à mon côté;

Loin des froiile.- leçons qu'à mon bras on préfère,

11 apprendrait à vaincre en me regarilant faire...

— Vous me pailez en vain île ce que je connoi ;

Je vous ai vu combattre et commander sous moi. (1637-M.)

Î09. Comme au vers 256, glace se dit ici de la vieillesse qui refroidit le corps. On disait même en ce sens glaçon; mais Corneille laisse à Rotrou ce terme plus osé.

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