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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/355

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ACTE I, SCENE V l8l,

SCÈNE V

D. DIÈGUE, D. RODRIGUB

D. DIÈGUK.

Rodrigue, as-tu du cœur ?

D. RODRIGUE.

Tout autre que mon père L'éprouverait sur l'heure.

D. DIÈGUE.

Agréable colère l Digne ressentiment à ma douleur bien doux! Je reconnais mon sang à ce noble courroux ; Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte. 263

Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte; Viens me venger.

D. RODRIGUE.

De quoi?

D. DIÈGUE.

D'un affront si cruel Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel : D'un soufflet. L'insolent en eût perdu la vie; Mais mon âge a trompé ma généreuse envie, 270

��261. Du cceur, du courage, comme au t. 611 ; par contre, on a vu que cou- ragf. était souvent employé pour cœur. — Dans son Explication du théâtre clas- sique, M. Horion rapproche de cette scène l'épisode virgilien où Evandre, ou- tragé par Mézenoe, remet à son ûls Pallas le soin de sa vengeance {Enéide, VIII). Toutefois, don Diègue est un père moins attendri, et Rodrigue un flls plus viril, en qui le héros déjà se révèle. — Voyez les passages analogues et diffé- rents du Romancero et de Castro dans l'Introduction, p. 19 et 26.

2C4. Mon sang, ma race, comme deux vers plus bas.

Ne me dis point qu'elle est et mon sang et ma scear. (Boraot, 1336.) En époassnt Pauline il s'est fait votre tang. (Polyeuett, tS8.) Dans U Toison d'or (V, 4), le vieil Aète s'écrie aussi : A ce digne courroux je reconnais ma fille.

266. Voir, dans l'Introduction, p. 123, la parodie que Racine a faite de ce passage ilans les Plaideurs.

268. A l'honneur de tous deux, toujours d'après cette idée que la rac* tout entière a été outragée en la personne du chef de famille.

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