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ACTE II, SCÈNE 1 193

LK COMTE.

Le sort en est jeté, Monsieur, n'en parlons plus.

D. ARIAS.

Adieu donc, puisqu'en vain je lâche à vous résoudre :

Avec tous vos lauriers, craignez encor le foudre. 390

LE COMTE.

Je l'attendrai sans peur.

0. ARUS.

Mais non pas sans effet.

LE COMTE.

Nous verrons donc par là don Diègue satisfait.

[Il est seul.)

389. Corneille et Racine emploient de préférence lâchera; de nos jour* tâcher de est plus usité. — Sur résoudre arec le sens actif, voyez la note du vers 49.

390. Avec tous vos lauriers, malgré tous vos lauriers; les anciens croyaient «lue le laurier garantissait de la tondre, comme on le voit par ce passage d'Horace:

Lanrierg, sacrés rameaux qu'on vent réduire en poudre. Vous qui mettez sa tête d couvert de la foudre.

Onze ans après le Cid, Vaugelas écrira : « Le mot foudre est un de ces noms substantifs que l'on fait masculins ou féminins, comme on veut. On dit donc également bien le foudre et la foudre, quoique la langue française ait une parti- culière inclination au genre féminin. » Pourtant, Corneille, qui avait écrit d'abord :

Tout eonrert de lauriers, craignez encor la foudre. (1637-B6.)

corrigea son vers en 1660, et écrivit le foudre. A-t-il pressenti, comme le pense M. Marty-Laveaux, la règle posée en 1672 par Ménage : « Dans le Qguré, il est toujours masculin ; dans le propre, on le fait aujourd'hui le plus souvent féminin? » 11 est vrai qu'en général. Corneille fait /'oudre du masculin, au figuré, comme ici même, et comme au v. 1017 de Polyeucte : Je redoute leur foudre et celui de Décie.

Mais il n'est pas moins certain qu'il continue à écrire çàetlàte foudre pour la foudre, au propre : ainsi, à l'aspect de la tête sanglante de Pompée, César reste immobile, j comme frappé du foudre ». (Pompée, 769.) En tout cas, la distinc- tion qui a prévalu (puisqu'on n'emploie plus foudre au masculin que dans la 'ocution un foudre de guerre) n'était pas faite par les contemporains :

Le foudre ne choit pas tontes les fois qu'il tonne.

(Rotrou, Clariee, III, 4. )

391. L'effet, c'est la réalisation d'une menace ou d'une promesse; ce mot, dans li sens d'acte, s'oppose souvent à parole :

Les effets de César valent bleu ses paroles, [Pompée, 160.)

.... Qui songe aux effets néglige les paroles, (tbid. 714.)

D ma faut des effets, et nou «as des promesses. tSuréna, 6,46.)

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