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ACTE II, SCÈNE III 201

El tu sais que mon âme, à tes ennuis sensible, 465

Pour en tarir la source y fera l'impossible.

CHIMÈNE.

Les accommodements ne font rien en ce point :

De si mortels alTronts ne se réparent point.

En vain on fait agir la force ou la prudence :

Si l'on guérit le mal, ce n'est qu'en apparence. 47C

La haine que les cœurs conservent au dedans

Nourrit des feux cachés, mais d'autant plus ardents.

l'infante.

Le saint nœud qui joindra don Rodrigrue et Chimène

Des pères ennemis dissipera la haine,

Et nous verrons bientôt votre amour le plus fort 475

Par un heureux hymen éloulTer ce discord.

CUIMÈNE.

Je le souhaite ainsi plus que je ne l'espère :

Don Diègue est troj altier, et je connais mon père.

Je sens rouler des pleurs que je veux retenir;

Le passé me tourmente, et je crains l'avenir. 480

l'infante. Que crains-tu? d'un vieillard l'impuissante faiblesse?

465. Sur le sens, aujourd'hui très afluibli, iVennui, voyez les vers 448 et 847, Var. Et de ma part mon âme, à tes eanais sensible. ;i637-.ï6.)

467. Var. Les accommodements ne sont rien en ce point. (1638.)

468. Var. Les affronts à l'honneur ne se l'éparent point. (1637-66.) L'Académie critiqua ce tour, si vif pourtant et si clair, les a/fronts à l'hon- neur, et Corneille y substitua un autre plus languissant. — Chimène pense et parle en ûlle de don Gormas, en fiancée de Rodrigue. Ce qu'elle dit ici le comte lavait dit avant elle dans la scène i de l'acte II. Voyez la variante du vers 368.

469. Var. En vain on fait agir la force et la prodeoce. (1697 in-12, 38 et 44 in-4».) 472 C'est à peu près ce que dit à Médée sa nourrice, dans une scène célèbre

dont Lorneule s est souvenu ailleurs :

• • -. Gravia quisquia vulnera

Patiente et squo miuus animo pertulit. Referre potuit. Ira qtui tegitur nocej. ( Sénèqne. Médée.) 476. D}feord, désaccord, différend, se retrouvera au vers 1612, et, dans Horace, «u vers S14. Pourtant, il est moins employé par Corneille, surtout dans ses der- nières pièces, qu il ne l'est par Rotrou et les auteurs plus anciens. Vau^elas le range parmi « ces mots que l'on employé en vers et non pas en prose ». Au plu- riel pourtant il a survécu, et M. Littré, qui en cite des exemples iusque chej Beranger, croit qu il reste très bon en poésie et dans la piose élevée

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