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XMv BIOGRAPHIE DE CORNEIL.LE

M. de Salùmon, avocat général au grand conseil, lui avait Cté préléré pour remplir la place du latiniste Bourbon. Le fauteuil de Faret, cet inséparable ami de Saint-Amant, étant devenu vacant ensuite, Pierre du Ryer s'y assit. L'auteur de Scévole valait mieux, assurément, que M. de Salomon, mais valait moins que Corneille. Pelli.sson atteste pourtant, et les registres de l'Académie en font foi*, qu'entre deux candidats, l'Académie préférait systé- matiquement celui qui avait sa résidence à Paris. Si, donc, cette fois, Corneille fut élu, ce n'est pas seulement que Balesdens, un illustre inconnu, qui « avait l'honneur d'être à M. le Chancelier », eut le bon goût de s'effacer devant lui, c'est surtout que Corneille «ht dire à la Compagnie qu'il avait disposé ses affaires de telle sorte qu'il pourrait passer une partie de l'année à Paris. » Le discours de réception qu'il prononça dana la séance du 22 janvier 1647 est sans doute l'œuvre la plus détestable qui soit jamais sortie de sa main. On en pourra juger par cette seule phrase :

« Et certes, voyant cette honte inévitable dans l'honneur que ■e reçois, j'aurais de la peine à m'en consoler, si je ne considé- rais que vous rappellerez aisément en votre mémoire, ce que vous savez mieux que moi, que la joie n'est qu'un épanouisse- ment du cœur, et, si j'ose me servird'un terme dont la dévotion s'est saisie, une certaine liquéfaction intérieure, qui, s'épanchant dans l'homme tout entier, relâche toutes les puissances de son âme, de sorte qu'au lieu que les autres passions y excitent des orages et des tempêtes dont les éclats sortent au-dehors avec impétuosité et violence, celle-ci n'y produit qu'une langueur qui tient quelque chose de l'extase, et qui, se contentant de se mêler et de se rendre visible dans tous les traits extérieurs, laisse l'es- prit dans l'impuissance de l'exprimer. »

Que cette langue est pénible, traînante, contournée! Comme le poète est mal à l'aise dans l'éloquence académique I Et quelle humilité invraisemblable chez l'auteur de Polyeucte! 11 n'est qu'un « indigne mignon de la fortune, sans aucun mérite », un « écolier », qu'ont daigné tirer de la « fange » les auteurs de taut d'admirables chefs-d'œuvre. Du moins, de ces savantes assemblées il espère remport' r de « belles teintures» dont seroul ornés à l'avenir ses « petits travaux ». On souCfre de voir le

1. f'e liisson, Itelation contenant Vhhloirc de VAcadémii: françahe.

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