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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/390

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216 LE CID

Je vous l'ai déjà dit, je l'ai trouvé sans vie;

Son flanc était ouvert, et pour mieux m'émouvoir, 675

Son sang sur la poussière écrivait mon devoir;

Ou plutôt sa valeur, en cet état réduite,

Me parlait par sa plaie, et hâtait ma poursuite;

El pour se faire entendre au plus juste des rois,

Par cette triste bouche elle empruntait ma voix. 680

Sire, ne souUrez pas que sous votre puissance Règne devant vos yeux une telle licence ; Que les plus valeureux, avec impunité. Soient exposés aux coups de la témérité; Qu'un jeune audacieux triomphe de leur gloire, 685

Se baigne dans leur sang et brave leur mémoire. Un si viillant guerrier qu'on vient de vous ravir Éteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de vous servir. Enfin mon père est mort, j'en demande vengeance, Plus pour votre intérêt que pour mon allégeance. 690

Vous perdez en la mort d'un homme de son rang : Vengez-la par une autre, et le sang par le sang. Immolez, non à moi, mais à votre couronne, Mais à votre grandeur, mais à votre personne. Immolez, dis-je. Sire, au biea de tout l'Etat 698

Tout ce qu'enorgueillit un n haut attentat.

674. Var. J'arrivai donc saoi forée, «t le tronrai gans Tie. (1637-60.;

675. Var, Il ne me parla poiat, mais pour mieux m'émoavoir. (1637-E6.)

« Les connaisseurs sentent qu'il ne fallait pas que Chimène dît pour mieux m'émouvoir. Elle doit être si émue qu'il ne faut pas qu'elle prête aux choses inanimées le dessein de la toucher. » (Voltaire.) « Oui, si Chimène n'avait à se venger que d'un meurtrier ordinaire. Mais ce meurtrier, c'est son amant. Contre un pareil ennemi elle n'a pas trop, pour ne pas mollir, du spectacle d'une plaie demandant vengeance. » (Nisard, Histoire de la Hit. fr., II.)

680. « Chimène paraît trop subtile, en tout cet endroit, pour une afQigée. » (Académie.) Elle est subtile parce qu'ici c'est son esprit qui parle bien plutôt que son cœur. Ce vers est même plus que subtil, il est obsrur, et l'on n'en démêle pas tout d'abord le vrai sens : sa valeur par cette triste bouche (sa plaie) m'or- donnait de lui prêter ma voix, d'être son interprèle. Mais la phrase : elle emprun- tait ma voix par cette bouche est vicieuse, puisqu'elle réunit des choses diffé- rentes : par cette bouche elle me parlait, me demandant de parler pour elle, et ainsi m'empruntait ma voix. Cette bouche est aussi dans l'espagnol.

687. L'édition de 1644 donne : qu'on vous vient de ravir; celles de 1654 et "5: qu'on tient de nous ravir.

690. Pow mon allégeance, pour l'allégement de, pour le soulagement de moa Uiagria.

Où dois-je désormais chercher qaelqae allégeance 7 (Médit, ItM.)

CM. Vaf. Sacrifiez don Diè^ne et tonte sa famille

A voos, à votre peuple, à toute la Ca>tille:

Le soleil qai voit toat ne voit rieu sous les deux

Qoi vous paisse payer an sans si précieux. tt||fI-MJ

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