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ACTE 11, SCÈNE VÎII âl9

Mourant sans déshonneur, je inourrai sans regret.

D. FKRNAiND.

L'affaire est d'importance, et, bien considérée, \Iérite en plein conseil d'êlre délibérée.

Don Sanche, remellez Ghimène en sa maison; 735

Don Diègue aura ma cour et sa foi pour prison. Qu'on me cherche son fils. Je vous ferai justice.

- CHIMÈNE.

Il est juste, grand Roi, qu'un meurtrier périsse.

D. FERNAND.

Prends du repos, ma fille, et calme tes douleurs.

CHIMÈNE.

M'ordonner du repos, c'est croître mes malheurs. 740

��732. « La réponse de Don Diègue est de toute beauté, ton et sentiment; elle est d'une superbe amertume; sa langue est la vraie langue da grand Corneille.» (Sainte-Beuie, Nouveaux Lundis, Vil.)

735. Remettre a ici le sens de reconduire :

Soldats, remettez-la chez elle. (Uidée, II, 1.)

Remettez la princesse à son appRrtemeDt. (Pertkarite, 378.)

Est.ce bien à un prétendant qu'il fallait confier une telle mission, confiée à un parent chez Castro? Le roi pourtant est excusable : il ignore peut-être l'amour de don Sanche, et, s'il le choisit de préférence à d'autres, c'est que son atten- tion vient précisément d'être appelée sur lui par l'ardeur qu'il mettait à défendre le père de Chimène.

736. Ma cour et sa foi, alliance hardie de deux expressions, prises, l'une au propre (aura ma cour pour prison, l'autre au figuré (aura sa foi pour prison), î peu près comme dans le vers de V. Hugo :

Debout dans sa montagne et dans sa liberté.

38. « Ce mot de meurtrier, rnj'il répète souvent le faisant de trois syllabes, n'est que de deux. » (Académie.) On trouve, en effet, chez Rotrou et les contem- porains, meurtrier, ouvrier, bouclier, peuplier, sanglier, comptant pour deux syllabes seulement dans le vers. Ménage a tort de croire que la quantité blâmée par l'Académie et généralement acceptée aujourd'hui, a été introduite par Cor- leille, car il y en a des exemples beaucoup plus anciens; mais il constate « que es dames et les cavaliers s'arrêtaient, comme à un o»auvais pas, à ces mots, orsqu'ils étaient de deux syliabes, et qu'ils avaient peine à les prononcer. » (Obser- \itions sur Malherbe.)

740. Croître, pris aftivement pour accroître, comme aux vers 862 et 1383, at V bien d'autres endroits :

Ce malheur tontefois sert à croître ma gloire. (Poîyeucte, 309.)

Vaugelas condamne cet emploi, mais constate aussi que les poètes « s'émaa- eipent » jusqu'à méconnaître la distinction entre accroître, actif, et croître, ■eutre. d Dictionnaire de l'Académie autorise l'emploi actif da croître ea

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