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242 LE GID

A toute heure, en tous lieux, dans une nuit si sombre,

Je pense l'embrasser et n'embrasse qu'une ombre ;

El mon amour, déçu par cet objet trompeur, 1015

Se forme des soupçons qui redoublent ma peur.

Je ne découvre point de marques de sa fuite;

Je crains du comte mort les amis et la suite;

Leur nombre m'épouvante et confond ma raison.

Rodrigue ne vit plus, ou respire en prison. 1020

Justes cieux! me trompé-je encore à l'apparence.

Ou si je vois enfin mon unique espérance?

C'est lui, n'en doutons plus; mes vœux sont exaucés.

Ma crainte est dissipée, et mes ennuis cessés.

��SCENE VI.

D. DIÈGUE, D. RODRIGUE. D. DIÈGUE.

Rodrigue, enfin le Ciel permet que je te voiel 1025

D. RODRIGOE.

Hélas!

D. DIÈGUE.

Ne mêle point de soupirs à ma joie ; Laisse-moi prendre haleine afin de te louer. Ma valeur n'a point lieu de te désavouer :

1014. Cette attitude du père cherchant son fils à tâtons prête au sourire. Voyez l'IntroiJurtion, p. 29. Au reste, la plupart de ces traits sont dans l'espa- gnol (par exemple, quelques vers plus bas, l'alternative de la mort ou de la prison), mais le cadre et le sentiment diffèrent.

1022. Ou si était souvent construit ainsi, après une phrase interrogative :

Avet-Tons onblié qae vons parlez à moi.

Ou li vous présumez être déjà mon roi ? (Bodogune, 1286.)

Tombë-je dans Terreur, ou $i j'en vais sortir? (Othon, 717.)

M. Littré prouve contre Voltaire que cette tournure a pour elle l'autorité def meilleur- écrivains.

1024. « L'Observateur a mal repris cet endroit : cessét est bien dit en poèoM pour apaisas ou ^nts . » (Académie.)

1026. Var. Hélas ! c'est triomphant, mais avec peo de joie. (1638.)

Cette simple Piclamation, Hélas/ vaut mieux oue ce vers languissant, et rien n'est plus dramatique que cette opposition entre la joie orgueilleuse du père «t U tristesse du fili.

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