ACTE. III, SCÈNE VI 243
Tu l'as bien imitée, et ton illustre audace
Fait bien revivre en toi les héros de ma race : 1030
C'est d'eux que tu descends, c'est de moi que tu viens :
Ton premier coup d'épée égale tous les miens,
Et d'une belle ardeur ta jeunesse animée
Par cette grande épreuve atteint ma renommée.
Appui de ma vieillesse et comble de mon heur, 1035
Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l'honneur;
Viens baiser cette joue et reconnais la place
Ofi fut empreint l'affront que ton courage efface.
D. RODRIGUE.
L'honneur vous en est dû : je ne pouvais pas moinâ.
Étant sorti de vous et nourri par vos soins. 1040
Je m'en tiens trop heureux, et mon âme est ravie
Que mon coup d'essai plaise à qui je dois la vie ;
Mais parmi vos plaisirs ne soyez point jaloux
Si je m'ose à mon tour satisfaire après vous.
Souffrez qu'en liberté mon désespoir éclate; 1045
Assez et trop longtemps votre discours le flatte.
1035. Sur heur, voyez la note du vers 988.
1038. Var. Où fut jadis l'aO'ront qae ton eonrage efface. (1637- (6.)
« L'Observateur a bien repris en ce lieu le mot de jadis, qui marque un temps trop él'iigné. » (Académie.) C'est pour se conformer à cette juste observation que Corneille modifia son vers. Tout ce passage est d'une allure superbe, mais il faut reconnaître que l'espagnol est imité ici d'assez près.
1039. Var. L'honneur voas ea est dû : les Cieux me sont témoins
Qu'étant sorti de vons je ne pouvais pas moins. (1G37-56.)
Ici encore, le poète a obéi à l'Académie, qui avait dit : II prend mal à propos les Cieux à témoins en ce lieu. »
1040. Sorti, né de vous.
Je sais qu'il vaut beaucoup, étant torti de tout. {Menteur, 37B.)
Étant sorti de vous, la chose est peu douteuse. (Ib., 1502.)
Ta n'es plus gentilhomme, étant sorti de moi. (/6., 1516.)
Du sang dont voas sortez rappelez la mémoire. (Racine, fin7annicu>,6St. )
« Il y a ici dans les vers de Corneille une imitation de Malherbe, qui dit à Henri IV, en lui parlant de ses trois fils :
Votre gloire est si grande en la bouche de tons
Que toujours on dira (ju'ils ne pouvaient moins faire.
Puisqu'ils avaient l'honneur d'être sortis de vons. • (M. Gérozei.
M'ourri, élevé ; voyez le vers 589.
1044. Var. Si j'ose satisfaire à moi-même aorès vous. (1637-60.)
Remarquez cette construction de me, semblable à celle du vers 1400. Su- la locution me satisfaire, voyez le vers 898, et la note.
1046. Le flatte, essaye d'adoucir mon désespoir, de me consoler (en me glori- Gant). Racine a employé très souvent ce verbe eu ce seof :
�� �