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xxviii BIOGRAPHIE DE CORNEILLE

diffère des tragédies qui l'ont précédée, ni par le prologue, où le jeune roi est glorifié, c'est par l'ensemble même de l'action, adroitement coupée de manière à encadrer des tableaux frap- pants. On comprend que la curiosité des contemporains ait été vivement excitée; ecclésiastiques et séculiers, tous, au témoi- gnage de la Gazette de France, étaient attirés et charmés. On applaudissait Andromède entre deux guerres civiles. La musique était d'un poète fort maltraité par Boileau, d'Assoucy, qui paraît avoir valu mieux que sa réputation, car il avait mérité l'estime affectueuse de Corneille, qui, en deux pièces complaisantes, écrites eu 1650 et 1633, n'a pas assez d'éloges pour YOvide en belle humeur et les Airs de son collaborateur d'un jour.

Tout autre est l'intérêt qui s'attache à Don Sanche (1650), cette « pièce d'une espèce nouvelle et qui n'a point d'exemple chez les anciens' ». L'année 1650, particulièrement douloureuse pour Cor- neille, puisqu'elle lui enleva son cher Rotrou, victime de son dévouement, vit des événements imprévus et graves : la reprise de la guerre civile, l'arrestation des princes, le siège de Bor- deaux. « Alors on avait à Paris les guerres de la Fronde, et l'on voyait en même lemps briller à Londres un homme, né obscur, prêt â mettre son titre de Milord-Protecteur au-dessus de celui des rois. On ne crut pas devoir encourager de tels exemples; et don Sanche, fils d'un pêcheur ou cru tel dans la pièce,' parut ressembler beaucoup trop à ce fils d'un brasseur de bière, devant qui tombaient ou pliaient les têtes couronnées. Cromwell tua don Sanche â. » Cette explication d'un insuccès, d'ailleurs relatif, est suspecte à force d'être ingénieuse. Si Don Sanche eût été la glorification de Cromwell, nul doute que la cour ne fût inter- venue dès le début pour interdire un si dangereux spectacle; or, elle n'intervint pas; elle laissa se poursuivre quelque temps un succès qui eut d'abord grand éclat (c'est Corneille qui le cer- tifie), mais que, plus tard « le refus d'un illustre suffrage » re- légua dans les provinces, d'où l'on ne voit pas davantage que la cour ait songé à le proscrire. Il paraît certain que l' « illustre suffrage » dont le refus attrista Corneille, fut celui de Condé^ bien qu'il ait été emprisonné le 18 janvier 1650. Jusqu'alors, Condé e'était montré favorable à des œuvres héroïques qu'il était digne

��1. B^amen de Don Sanche.

8. Franjoi.s de Neufcliâteau, L'esprit du grand Cotmeille.

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