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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/425

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ACTE IV, SCÈNE 1 iol

Vous changez de couleur ! Reprenez vos esprits.

CHIMÈNE.

Reprenons donc aussi ma colère affaiblie : 11 25

Pour avoir soin de lui faut-il que je m'oublie?

On le vante, on le loue, et mon cœur y consent!

Mon honneur est muet, mon devoir impuissant I

Silence, mon amour, laisse agir ma colère :

S'il a vaincu deux rois, il a tué mon père; 1130

Ces tristes vêtements, où je lis mon malheur,

Sont les premiers effets qu'ait produit sa valeur,

Et quoi qu'on die ailleurs d'un cœur si magnanime,

Ici tous les objets me parlent de son crime.

Vous qui rendez la force à mes ressentiments, 1135

Voiles, crêpes, habits, lugubres ornements, Pompe que me prescrit sa première victoire,

1124. Vos esprits; voyez les vers 131, 383.

il26. Elle a besoin de se convaincre elle-même, et cWe y (aiii effort. Faut -il qut Je m'oublie ? que j'oublie mon devoir. Elle semblait l'oublier en effet, mais elle ■6 mettra que plus de courage à s'en souvenir.

1130. Yar. S'il a vaincu les rois, il a taè mon père. (1637, in-13.)

1132. Toutes les éditions portent qu'ait produit, sans accord; ni Scudéry, ni l'Académie ne critiqua le manque d'accord du participe. Ce n'était pas une li* cence poétique, qui, d'ailleurs, iri eiU été inutile, comme au vers 1188 de Po77j/)^«. les débats qu'ont eu quelques soldats, et au vers 2-36 de floc/opune. "le* appas qu'a» Tait trouvé leur père. Dans Cinna, v. 174, Corneille écrivait: les misères qu'ont enduré nos pères; dans le Menteur, v. 1212, « ceui que le ciel a joint » rimant avec point. Vaugelas, Ménage, Bonhours admettaient que le participe restât indéclinable quand il était suivi d'autres mots, et spécialement quand le verbe précède son nominatif, ce qui est le cas ici. La règle ne s'établit définitive- ment qu'au xvni" siècle. M. Cbassang, dans sa Grammaire, cite plusieurs exem- ples de ce défaut d'accord, empruntes, non seulement à Corneille, mais à Racine.

1133. Die, ancien subjonctif pour dise, n'est point ici amené par la rime, comme le fameux quoi qu'on die du sonnet de Trissotin. Corneille emploie fré- quemment, dans le corps même du vers, cette forme archaïque que Vaugelat ne proscrivait pu, mais que Thomas Corneille corrigea plus tard partout où il le pat.

Ma sœur, que je vons die nne bonne Donvelle. (Horace, 831.) 11 est vrai pourtant qu'a cette époque die est le plus souvent employé à la fin du vers. M. Littré croit, qu'ainsi autorisée, cette forme peut encore être conservé* ilans la poésie.

Var. Bt combien que ponr lai tout un penpie s'anime. (1637-56.)

1137. Var, Pompe où m'ensevelit sa première victoire. (1637-56.)

De toutes manières, ce vers semble peu net aujourd'hui; il l'était moins au I^nI° siècle, oii pompe signifiait toute espèce d'appareil joyeux ou lugubre, où M"" de Sévigné vantait « la plus belle, la plus magnifique, la plus triomphant,* pompe funèbre qui ait jamais été faite » (10 mars 1867), celle de M. le Prince. Il y a donc ici une sorte d'ironie ainère : voilà les ornements que lui ùipose la l>remière vic'oire de Rodrigue .

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