Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/437

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE IV, SCÈNE III 263

Ils couraient au pillage et rencontrent la guerre;

Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre, 1290

Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,

A-vant qu'aucun résiste ou reprenne son ranï.

Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient;

Leur courage renaît et leurs terreurs s'oublient :

La honle de mourir sans avoir combattu 1295

Arrête leur désordre et leur rend leur vertu.

Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges,

De notre sang au leur font d'horribles mélanges,

Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,

Sont des champs de carnage où triomphe la mort. 1300

combien d'actions, combien d'exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres, Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il donnait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait! J'allais de tous côtés encourager les nôtres, 1305

1291. Courir pour couler; Corneille dira plu tard :

Cette affreuse soenr qni court sor sod visage. (iiodojrun«, 1808.) 1294. S'oublient, sens passif, sont oubliées.

1296. Var. Rétablit leur désordre et lear rend lenr rerto. (1637-66.)

Corneille a modiQé re vers sur l'observation de l'Académie;» On ne dit point rétablir le désordre, mais bien rétablir l'ordre. » Leur vertu, leur coura^^e, sens latin ; voyez le vers 399.

1297. Var. Contre nons de pied ferme ils tirent leurs épées;

De« plus braves soldats les trames sont coapées. ^1631-63.)

Comme on le voit, c'est seulement à partir de 1664 que Corneille substitua alfanges (de l'espagnol alfanje) à épées. M. Géruzez se trorapp tout à fait sui ce point. Vingt-cinq vers plus bas, Corneille dira que les Maures ont « le rime- terre au poing • : il ne saurait donc y avoir, ainsi que le remarque M. Marty- Laveaui, aucun doute sur le sens du mot, bien que les comédiens, pour l'éviter, adoptent la leçon primitive. « Voltaire voulant employer ce mot dans l'Or- phelin de la Chine (I, 3) :

De nos honteux soldats les alfanges errantes A f^enoaz ont jeté lears armes impaissantes,

a commis une méprise que La Harpe a relevée : alfange est un vieui mot tiré de l'arabe, qui signiGe épée. Voltaire, curieux apparemment de faire usage de ce mot étranger, parre qu'il est sonore, l'a détourné de son acception, et l'a employé pour phalange, bataillon. Il valait mieux ne pas s'en servir. » (M. Go- defroy, Lexique de Corneille.)

1298. Au leur, avec le leur.

Pourvu qu'à moins de sang nons youlioni l'apaiier. {Horace, 305.) Vous marcherez vers Rome d communes enseigne-'. Sertoritu Hi.)

1300. Var. Sont les champs de carnage où triompbe la mort. ICW in-4o.)

1302. Var. Furent ensevelis dans l'horreur des ténèbres, (1637.56.)

1304. Où le sort inclinait, de quel côté penchait la fortone ; 1« latin inclinare â ce lens neutre.

�� �