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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/446

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272 LE CID

��D. SANCHE.

��Faites ouvrir le champ : vous voyez l'assaillant;

Je suis ce téméraire, ou plutôt ce vaillant. 1440

Accordez cette grâce à l'ardeur qui me presse, Madame : vous savez quelle est votre promesse.

D. FERNAND.

Chimène, remets-lu ta querelle en sa malaf

CHIMÈNE.

Sire, je l'ai promis.

D. FKRNAND.

Soyez prêt à demain.

D. DIÈGUE.

Non, Sire, il ne faut pas différer davantage : 1445

On est toujours prêt quand on a du courage.

D. FERNAND.

Sortir d'une bataille et combattre à l'instantl

D. DIÈGUE.

Rodrigue a pris haleine en vous la racontant.

1439. Var. Faites oaTrir le camp, voua voyei l'assaillant. (1637-66.)

Une variante du vers 1434, donne aussi : « Laissez un camp ouvert.» (1637-56.) Le eamp, ou camp-clos, comme on disait autrefois, c'était le champ-clos, la lice. Il y avait des juges du camp. Le champ, de même, était ouvert, quand les bar- rières qui le fermaient laissaient passer les combattants. De là l'expression : prendre du champ.

1440. « Lui aussi, le pâle don Sanche, il a chez Corneille son premier mouve- ment et son éclair. » (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, VU.) Est-ce bien soa premier mouvement? Dans la scène vi de l'acte II, il a montré, ce nous semble, quelque fierté, avec une ardeur juvénile qui va presque jusqu'à offenser le roi.

1443. Ta querelle, ta cause ; voyez le vers 244 et la note.

1444. A demain, pour demain : aux vers 982, 1080 et 1419, on a déjà vu à ainsi employé dans le sens de pour.

1448. On ne commente pas de tels vers, dont l'héroïsme un peu castillan semble si naturel dans la bouche de don Diègue ; mais il est utile de remarquer ce qu'il y a d'adresse dans ce trait sublime. Dans le même jour, Rodrigue aura tué le comte, vaincu les Maures, et désarmé don Sanche; la règle des vingt-quatre heures l'eiige. Mais le beau mot de don Diègue fait oublier l'iavraisemblance. Par malheur le roi nous en fait souvenir, lorsqu'il réclame pour Rodrigue un délai trop légitime d' « une heure ou deux », et Corneille lui-même l'a remar- qué dans ce curieux passage du Discours de la tragédie: « Je me suis toujours repenti d'avoir fait dire au roi, dans le Cid, qu'il voulait que Rodrigue se dé- lassât une heure ou deux après la défaite des Maures avant que de combattrt don Sanche. Je l'avais fait pour montrer que la pièce était dans les vingt-quatre heures; et cela n'a servi qu'à avertir les spectateurs de la contrainte avec la quelle je l'y ai réduite. Si j'avais fait résoudre ce combat sans en désigner l'heure, peut-être n'y aunit-on pas pris garde. » (Ed. Régnier, p. ft" " 'f,)

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