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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/47

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ETUDE D'ENSEMBLE xxxili

8'il a voulu parler d'humiliation, même volontaire, car jamais Corneille ne fut moins humilié. La traduction de l'Imitation n'est pag un livre de commande, c'est un acte de foi, et le poète nous en a livré tout le secret en ces deux vers souvent cités :

Pour t'élever de terre, homme, il te faut deux ailes : La pureté de cœur et la simplicité*.

Ce sont ces deux ailes qui l'ont porté si haut dans la poésie profane et dans la poésie sacrée, car l'Imitation est pleine de beaux vers, qu'on n'y va pas chercher, pas plus qu'on ne cherche Corneille dans les Louanges de la sainte Vierge (1665) et dans /'Office de la sainte Vierge (1670), suivi de la traduction des psaumps, des vêpres et compiles du dimanche et de toutes les hymnes du bréviaire romain. Malgré l'écart des dates, on a le droit de réunir ici, comme en faisceau, ces livres tout semblables qui attestent la continuité de l'inspiration chrétienne à travers toute la vie du poète.

Comment donc sb fait-il que le traducteur de l'Imitation, le marguillier de l'église Saint -Sauveur de Rouen, remonte bientôt sur la scène et se montre nlus avide que jamais des applaudisse- ments ? La transition a paru tellement brusque que, pour nous l'expliquer, on a imaginé tout un roman, que M. Marty-Laveaux lui-même ne repousse pas. Un chapitre entier du livre deM. Levai- lois 2 porte ce titre : Amours du poète. On y démontre savamment que Corneille rentra au théâtre par amour pour M"a du Parc, actrice de la troupe de Molière, qui jouait à Rouen en 1658, et qu'il se hâta d'écrire Œdipe pour donner le rôle de Jocaste à la du Parc, que son influence avait enlevée à Molière et attachée à la troupe du Marais. Or, cette actrice n'entra au Marais que plus tard; l'hypothèse que M. Levallois donne pour une certitude n'a donc pas de fondement solide. Il semble vrai pourtant que Corneille ait aimé la du Parc, et qu'il lui ait adressé les fameuses stances, improprement appelées Stances à une marquise 3 :

Marquise, si mon visage

A quelques traits un peu vieux, |

1. Début du chap. 24, livre I. 5. Corneille inconnu.

3. Marquise ou la Marguiie était un nom eoromunément donné à M"« du Put^ au théâtre, et même dans les actes publics.

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