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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/56

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BIOr.RAPHIE DE CORNEILLE

��L'État est florissant, mais les peuples gémissent,

Leurs membres dêLharnés rourbent sous mes hauts faits,

Et la gloire du trône accable les sujets.

��Assurément le géuie de Corneille se relève dans Sertoj^ius (1662). Mais, prenons-y garde, si les beautés de Sertoi-ius sont vraiment tragiques, elles sont aussi de celles qui devaient plaire aux con- temporains, et ne sont pas loin parfois (tout mérite historique mis à part) d'être de brillants défauts. J'y retrouve partout les mêmes préoccupations que dans Œdipe :■ en un temps oïi la belle galanterie est à la mode, travestir en amoureux le vieux Sertorius et son lieutenant Perpenna; en un temps oii l'on se plaît aux longues discussions politiques et militaires, mettre Pompée et Sertorius en présence, et prolonger leur entretien pendant plus de deux cent cinquante vers, sans lasser l'atten- tion. Pompée, ce jeune vainqueur qui s'instruit à l'école de son vieux rival, est-il Condé? Du moins Sertorius, tacticien prudent et expérimenté, ressemble fort à Turenne, et Voltaire a tort de s'étonner du mot attri mé à Turenne : « Où donc Corneille a-t-il appris l'art de la guerre ' ? » Voilà la partie encore vivante de Sertorius. Quant à Viriate, personnification de l'Espagne indé- pendante, quant à la femme divorcée de Pompée, Aristie, per- sonnification de l'aristocratie romaine, elles aiment toutes deux « par politique » et leur amour raisouneiir nous est assez indif féreut. Autant vaudrait nous montrer le héros hésitant entre l'alliance romaine et l'alliance espagnole. Sertorius serait ainsi tout à fait ce qu'il est surtout au fond, un beau tableau d'his- toire.

Avec Sophonisbe {i&Q3) le système se précise; Sophonisbe, qui « a immolé sa tendresse au bien de sa patrie- », qui, mourante, s'écrie :

Toute ma passion est pour la liberté^, n'est-ce pas Carthage elle même en face de Rome? Éryxe, la

��1. Titon du Tillet, Parnasse français.

2. Sophonishe, I, 1.

3. Sophonisbe, ill, 6

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