Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/69

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ETUDE D'ENSEMBLE ly

le doQ Uuy Gomez d'Hernani, avait besoiQ d'en chercher les traits dans ses émotions de vingt-huit ans ? » Ajoutez que cet amour séiiile contrasterait singulièrement avec les habitudes de dévo- tion très régulière et très sincère que Thomas Corneille attribue il sou l'rère vieillissant. On irait loin, au reste, dans cette re- cherche hasardeuse des allusions possibles: à ce compte, Pulchérie déclarant, à plus de cinquante ans, son amour à Léon, ce serait Anne d'Autriche éprise de Mazarin, car il semble bien qu'il faille lire, dans la lettre de M^e de Sévigné : « Il nous lut l'au- tre jour une comédie chez M. de la Rochefoucauld, qui fait souvenir de la défunte reine < », ou » de la reine mère », et non « de sa défunte veine » expression bizarre, surtout sous la plume de M™8 de Sévigné, plus enthousiaste que jamais alors de son poète. Mais Anne d'Autriche et Mazarin avaient le même âge ; leur- situation vis-à-vis l'un de l'autre n'était poiut celle de Pul- chérie, impératrice de cinquante ans, vis-à-vis du jeune Léon, aimé par elle d'un amour assez froid, qui a « la raison pour guide, la gloire pour objet ^ », et qui se sacrifie aux nécessités de la politique.

Pulchérie réussit-elle ? Dans l'avis Au lectmir, Corneille affirme qu'elle a triomphé des << entêtements du siècle », et s'est fait écouter, bien que les principaux caractères y soient tracés «con- tre le goût du temps ». Ce témoignage parait suffisant à M. Levai- lois ^ : il ne crort pas à une décadence du génie de Corneille et il ne veut pas qu'on y croie. C'est Corneille lui-même, assure- t-il, qui a créé cette fâcheuse légende, par sa persistance à se plaindre d'être abandonné et méconnu : Tite et Bérénice, comme Attila, lui a rapporté deux mille livres. II y a un fond de vérité dans ce paradoxe : car il est certain que Corneille con- servait des admirateurs fervents dans les rangs de la société la plus distinguée, surtout parmi les survivants de l'hôtel de Rambouillet ; mais il n'esl pas moins certain que le succès pré- tendu de Tite et Bérénice fut, au fond, un échec, si on le com- pare au succès de la Bérénice rivale. Or, l'année même de Pul- chérie, le 5 janvier 1672, Racine triomphait bruyamment avec Bajazet, et M^° de Sévigné elle-même ne pouvait se défendre

��1. Lettre du 15 janvier 1672.

2. Pulchérie, I, 1.

3. Corneille inconnu.

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