Aller au contenu

Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

r.vi BIOGRAPHIE DE CORNEILLE

d'écrire : « Racine a fait une comédie qui enlève la paille : vrai- ment, elle ne va pas empirando comme les autres. M. de Tallard dit qu'elle est autant au-dessus de celles de Corneille, que celles de Corueille sont au-dessus de celles de Bo3'eri ». Et M™e de Sévigné ne proteste pas ! Il est vrai que, plus tard, ayant eu le temps de se ressaisir, elle écrit à sa fille, eu lui envoyant la pièce de Racine : « Voilà Bajazet. Si je pouvais vous envoyer la Champmeslé, vous trouveriez cette comédie belle ; mais, sans elle, elle perd la moitié de ses attraits. Je suis folle de Corneille. Il nous redonnera encore Piitchérie, où l'on verra encore

La main qui crayonna La mort du grand Pompée, et l'amour de Cinna*.

Mais, dans l'intervalle, Corneille avait lu Piilchérie dans les salons que fréquente M™^ de Sévigné, et cette même lettre parle d'une lecture faite devant le cardinal de Retz. Un voyage en Provence lui épargna la douleur d'assister à l'écroulement de ses espérances ; mais sa parente M^"» de Coulanges se chargea de lui faire connaître l'échec de Corneille : « Pulchérie n'a point réussi 3.» Nous tenons donc pour l'opinion commune contre l'opinion de M.Levallois, et nous croyons que, pour juger saine- ment des incidents de cette douloureuse période, il faut regarder moins du côté -de Corneille, plus chagrin peut-être qu'il ne con- vient, mais encore respecté, que du côté de Racine, triomphant, soutenu et porté sans cesse plus haut par la faveur croissante du public.

Il ne paraît pas possible non plus de contester la chute de Suréna (1674), car la lettre de Bayle, qu'invoque M. Levallois, est un argument de plus contre sa thèse : » On joue à l'hôtel de Bourgogne une nouvelle pièce de .M. Corneille l'aîné, dont j'ai oublié le nom, qui fait, à la vérité, du bruit, mais pas eu égard au renom de l'auteur. Aussi dit-on que M. de Montausier lui dit en raillant: « Monsieur Corueille, j'ai vu le temps que je faisais d'assez bons vers ; mais, ma foi, depuis que je suis vieux, je ne fais rien qui vaille. Il faut laisser cela pour les jeunes

��1. Lettre du 13 janvier 1672.

2. Lettre du 9 mars 1672

3. Lettre du 24 février 1673

�� �