Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/80

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i.xvi ETUDE

Seule, Vlllusion comique a sa scèue eu province, dans une pro- vince toul idéale, d'ailleurs; car Pridamant et Dorante, ces bourgeois de Reunes, qui consultent avec foi un magicien tout- puissaiit. u^ sont, à vrai dire, d'aucun pays. Mais, dans cette uièaie lUusion, que de détails parisiens! Le fils de Piidaïuant a qui lé la Bretagne pour Paris, où il a vécu d'une vie aventu- reuse, d'abord écrivain public au cloître de Saiut-Iuuoceut, puis montreur de singe à la foire Saint-Germain', poète attitré des chanteurs de la Samaritaine, romancier, trafiquant de « chapelets de baume », cliailalan, homme de loi, enfin comédien, et, dans (c ce uoble métier », ravissant ie peuple entier de Paris. Le temps n'est plus où les comédiens pouvaient sembler dignes du mépris public, et Corneille, leur obligé, se charge de réhabiliter leur profession dans le plaidoyer célèbre où l'on sent qu'il plaide sa propre cause avec celle de ses interprètes :

��A présent le théâtre Est en un point si haut que chacun l'idolâtre, Et ce que votre temps voyait avec mépris Est aujourd'hui l'amour de tous les bons esprits, L'entretien de Paris, le souhait des provinces, Le divertissement le plus doux de nos princes, Les délices du peuple, et le plaisir des grands : 11 tient le pteinier rang parmi leurs passe-temps: Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde Par ses illustres soins conserver tout le monde, Trouvent dans les douceurs d'un spectacle si beau De quoi se délasser d'un si pesant fardeau. Même notre grand roi, ce foudre de la guerre, Dont le nom se fait craindre aux deux bouts de la terre, Le front ceint de lauriers, daigne bien quelquefois Prêter l'œil et l'oreille au Théâtre-François : C'est là que le Parnasse étale ses merveilles; Les plus ra'-es esprits lui consacrent leurs veilles. Et tous ceux qu'.\pollon voit d'un meilleur regard De leurs doctes travaux lui donnent quelque part. D'ailleurs, si par les biens on prise les personnes. Le théâtre est un lief dont les rentes sont bonnes -.

��1. La foire Saint-Uermain occu|)ait l'emplacement actuel du marrhé de ce nom. La Samaritaine était une fontaine située sur le Pont-Neuf et qui fut de- truite en ii\i.

.'. Illusion comique, V, j.

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