Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/81

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SUR LES COMEDIES ixvii

C'est à la veille du Cid que Corneille laissait échapper ce cri à la fois orgueilleux et satisfait, car, ici encore, la fierté du poète, qui veut de la gloire, s'allie fort bien avec la finesse pratique du Normand, qui sait complei-. Alais il n'avait pas attendu cette date glorieuse pour dire tout haut ce qu'il pensait, et de lui, et des autres. Dans la Galerie du Palais, Doriuiant s'entretient avec le libraire qui lui offre les livres nouvellement parus ; il écarte dédaigneusement ceux qui se bornent à mal copier les traits du cavalier Marin, cet arbiter elegantiarum des salons de France, quelques années auparavant,. mais il se plait à constater que la mode a changé :

Oa ne parle plus qu'oa fasse de romans ;

J'ai vu que notre peuple en était idolâtre.

— La mode est à présent aus pièces de théâtre.

— De vrai, chacun s'en pique, et tel y met la main Qui n'eut jamais l'esprit d'ajuster un quatrain'.

Il faut avoir étudié de près l'histoire de la littérature drama- tique à cette époque, pour ainsi dire crépusculaire, il fiut avoir vu pulluler ddns la pénombre les iutiombrables devanciers de Rotrou et de Corneille, pour juger à quel point Corneille avait raison dans sou dédain. Mais le poète a déjà conscience de sa valeur, en même temps que de l'infériorité de ses i-ivaux. A Lysandre, qui dit, avec plus d'indulgence :

Beaucoup font bien les vers, et peu la comédii-.

Dorimant, l'homme de goût de la pièce, l'interprète des senti- ments de Corneille, répond :

Ton goût, je m'en assure, est pour la Normandie-?

Bien que Lj'sandi'e se refu?e à « rien spécifier y, ne nous y trompons pas : ce n'est pas une question qui est posée; c'est plutôt la constatation d'uue mode alors presque universelle, d'un engouement que justifiait assez le mérite de taat de poètes uor-

��1. Galerie du Palais. I,

2. Galeripflu Polnis. I.

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