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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/89

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SUR LES COMEDIES lxxv

siècles, eu faisant parler des bêtes et des choses qui n'ont point de corps. Cependant mon avis est celui de Térence : puisque nous faisons des poèmes pour être représentés, notre premier but doit être de plaire à la cour et au peuple et d'attirer un grand monde à leurs représentations. 11 faut, s'il se peut, y ajouter les règles, afin de ne déplaire pas aux savants et recevoir un Hpflau- dissement universel; mais surtout gagnons la vois publique '. >^

Enfin, voilà le vrai, dit avec franchise, opposé aux pédau- tesques théories des savants en us. Malgré quelques contra- dictions et de passagères défaillances, Corneille s'y tiendra; il ne dira pas autre chose dans les épîtres dédicatoires de Médée et de la Suite du Menteur. Molière n'a pas une vue plus nette du but de Tart, de ce qui est pour lui la grande règle de toutes les règles : plaire au public, à tout le public, sans distinction d'ignorants ni de doctes, et Molière a lu Corneille.

Il est une seule de ces règles dont les modernes aient souci, parce quelle est une loi même de l'art : l'unité d'action. C'e-t aus?i celle dont Corneille se montre le moins préoccupé. Non qu'il l'ait ignorée : il ne perd pas une occasion, au contraire, de répéter que l'action doit être une et complète. Celle qu'il imagine est même, le plus souvent, trop complète et se prolonge au delà de sa conclusion logique : « Je ne puis déguiser, s'écriera-t-il plus tard, que j'ai peine encore à comprendre comment on a pu . soutfrir le cinquième acte de Mélite et de la, Vfiuve ^ », et il dé- montrera suribondamment que ce cinquième acte est tout entier inutile. Quant à l'unité d'action, elle est factice. Non seulement l'intrigue des comédies de Corneille est fort embrouillée, mais il y a souvent deux, trois iningues parallèles.

En apparence, rien de plus simple que l'analyse d'une de ces pièces faciles, écrites d'un style courant, sans grande prol'oudcur. Lui-même. Corneille nous a indiqué son procédé, on pourrait presque dire sa recette : (^ Dans les comédies, j'ai presque toujours établi deux amants en bonne intelligence; je les ai brouillés en- semble par quelque fourbe, et les ai réunis par réclaircis?enn;ht de cette même fourbe qui les séparait^. » Vérifions si la méthode a été partout suivie.

��1. Discours du poème dramatique.

2. Epitre à M. ***, en tète de la Suivante. .'(. Ùiscouys du poème dramatique.

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