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102 HORACE

A.ll)e le veut, et Rome ; il faut leur obéir. 630

Qu'un de vous deux me tue, et que l'autre me venge;

Alors votre combat n'aura plus rien d'étrange,

Et du moins l'un des deux sera juste agresseur,

Ou pour venger sa femme, ou pour venger sa sœur.

Mais quoi! vous souilleriez une gloire si belle, 635

Si vous vous animiez par quelque autre querelle:

Le zèle du pays vous détend de tels soins,

Vous feriez peu pour lui, si vous vous étiez moins;

11 lui faut, et sans baine, immoler un beau-frère.

Ne dill'érez donc plus ce que vous devez faire; 640

Commencez par sa sœur à répandre son sang;

Commencez par sa femme à lui percer le liane;

Commencez par Sabine à faire de vos vies

Un digne sacrifice à vos cbères patries :

Vous êtes ennemis en ce combat fameux, 645

Vous d'Albe, vous de Rome, et moi de toutes deux.

Quoi ! me réservez-vous à voir une victoire

630. Et Rome; et se construisait de la sorte pour anisi g'ue ; voyez levers 1533.

Pérouse au sien noyée (dans son sang) et tous se? habitants. ( Cinna, 1136. ) La raison nie l'ordonne, et la loi des chrétiens. {Potyeucte, 1B18.)

631. « Quand Sabine vient proposer à son frère et à son mari de lui donner la mortj on sait trop qu'ils ne le feront ni l'un ni l'autre. Ce n'est donc qu'une vaine déclamation : car Sabine ne doit pas plus le demander qu'ils ne doivent le faire. »

(La Harpe.) — « Une actrice de campagne fit une équivoque très plaisante dan» cette tragédie, où elle remplissait le rôle de Sabine.

Que Fan de vous me tue et que l'autre me venge,

dit cette Romaine à son frère et à son amant. Mais l'actrice corrigea ce tcw et leur dit :

Qne l'nn de vons me tue et que l'antre me mange. (Delaporte, Anecdoteê

[dramatiques.)

On nous permettra de douter que l'équivoque soit vraiment <i très plaisante ».

632. Etrange peut sembler faible, mais ne l'était pas du temps de Corneille, qui, comme Racine, l'emploie dans les situations les plus pathétiques :

Si près de voir mon feu récompensé, Dieu, l'étrange peine ! (Cid, a08.) D'un père mort pour moi voyez le sort étrange. (Rodogune, 1216.)

635. Ici commence un passage subtil et assez obscur ; il faut l'entendre au sens Ironique.

637. Var. Votre zèle au pays vous défend de tels «oins. (16*1-1648.)

Soins, soucis, préoccupations ; voyez le vers 116.

638. Ce vers est bien embarrassé, et Voltaire a raison de dire que ce peu ctc«  moi)is font un mauvais effet. Si vous vous étiez moins, c'est-à-dire si vous vou» étiez moins l'un à l'autre, si vous étiez moins unis par l'alliance et l'amitié. Com* ^rez le vers G99,

642. Flanc, sein, royeî la note du v. 470.

647, A, pour; me réservez-vous, me conservez-vous la rie?

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