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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/135

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ACTE lit. SCENE V 419

Où porter vos souhaits et terminer vos craintes.

CAMILLE.

Je le vois bien, ma sœur, vous naimâtes jamais :

Vous ne connaissez point ni l'amour ni ses traits;

On peut lui résister quand il commence à naître,

Mais non pas le bannir quand il s'est rendu maître, 920

Et que l'aveu d'un père, engageant notre foi,

A fait de ce tyran un légitinîe roi :

Il entre avec douceur, mais il règne par force;

Et, quand l'âme une fois a goûté son amorce,

Vouloir ne plus aimer, c'est ce qu'elle ne peut, 925

Puisqu'elle ne peut plus vouloir que ce qu'il veut;

Ses chaînes sont i>our nous aussi fortes que belles.

��SCENE V LE VIEIL HORACE, SABINE, CAMILLE.

LE VIEIL HORACE.

Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles,

916. Ces quatre derniers vers répètent, en les retournant contre Camille, len vers que Camille a prononcés. (891-895). Il y a beaucoup d'art et peu de naturel dans l'alternance de ces couplets trop symétriques. Où, suivi d'un infinitif:

Pour garder votre cœur, je n'ai pas où le mettre. (Nicomèdc, 132.)

918. « Ce point est de trop. Il faut: Vous ne connaissez ni l'amour ni ses tra'ts.' » (Voltaire.) Avant Voltaire, Vaugelas avait formulé une règle catégorique : « On ne met jamais ni pas ni point devant les deux ni. » La tournure est au- jourd'hui incorrecte. « Mais il faut se rappeler que non et ne étaient dans l'ori- gine les seuls adverbes français servant à nier, et que pas et point, qui sont de- venus l'accompagnement nécessaire de ne, n'étaient destinés dans le principe qu'à renforcer cette particule, sans avoir par eux-mêmes aucun sens négatif, et signifiaient simplement la valeur d'un pas, d'un point. » (M. Marty-Laveaui.) Ce qui est certain, c'est qu'au xvii' siècle les exemples sont nombreux de pas et point employés dans des tours où nous les jugerions surabondants:

Tu juges nos desseins autres qu'ils ne sont pas. (Clitandre, 1203.)

919. Ovide a dit à peu près de même de l'amour ;

Principiis obsta : sero medicina paratur Quum mala per longas invaluere moras.

924. Amorce, appât, tout ce qui amorce, tout ce qui attire ;

Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces.

(Boileau, Art poétique, 1.)

926. Avec Voltaire, nous trouvons que ces deux peut et ce veut forment un concours de syllabes dures, sourdes, peu agréables a l'oreille. Toute cette fin du couplet de Camille est bien raffinée ; on y retrouve toutes les expressions da fcubtile galanteiie dont s'égaiera plus tard Boileau.

925. « Comme l'arrivée du vieil Horace rond la vie au théâtre qui languissait I

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