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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/173

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ACTE V, SCÈNE llî 4B1

Ooname il vous appartient, votre aveu doit se prendre ;

C'est vous le dérober qu'autrement le répandre.

Rome ne manque point de généreux guerriers ;

Assez d'autres sans moi soutiendront vos lauriers; 1590

Que Votre Majesté désormais m'en dispense,

Et si ce que j'ai fait vaut quelque récompense,

Permettez, ô grand roi, que de ce bras vainqueur

Te m'immole à ma gloire, et non pas à ma sœur.

��SCÈNE III TULLE, VALÈRE, LE VIEIL HORACE, HORACE, SABINE.

��SABINE. ^

Sire, écoutez Sabine, et voyez dans son âme 1595

Les douleurs d'une sœur et celles d'une femme,

Qui, toute désolée, à vos sacrés genoux

Pleure pour sa famille, et craint pour son époux.

Ce n'est pas que je veuille avec cet artifice

Dérober un coupable au bras de la justice ; 1600

Quoi qu'il ait fait pour vous, tiaitez-le comme tel,

Et punissez en moi ce noble criminel ;

De mon sang malheureux expiez tout son crime :

Vous ne changerez point pour cela de victime ;

Ce n'en sera point prendre une injuste pitié, 1605

Mais en sacrifier la plus chère moitié.

Les nœuds de l'hyménée et son amour extrême

Font qu'il vil plus en moi qu'il ne vit en lui-même ;

Et si vous m'accordez de mourir aujourd'hui.

��1587. Aveu, comme congé, permission, autorisation, approbation, consente- ment; voyez le vers 828 :

C'était sans mon aveu. — Je n'en ai pas besoin. {Nicomède, TV, 2.) Sans ordre et sans aveu, je me suis rappelée. {Tite et Bérénice, 618.)

1590. Assez d'antres viendront, à mes ordres soumis,

Se couvrir des lauriers qui vous furent promis. (Racine, Iphigénie, IV, 6.)

1594. A ma gloire; est-ce le moment d'y penser? L'orgueil romain a étouffé chez Horace les atroctions humaines.

1597. A vos sacrés genoux ; on a déjà remarqué la tendance des écrivains dn ïvii" siècle à faire précéder le substantif de l'adjectif quel qu'il soit :

Sacrés murs, que n'a pu conserver mon Hector. {Andromaque, I, ♦.) Au nom do sacré nœurfqul me lie avec vous. (Esther, III, 1.)

1603. C'est la seconde fois que Sabine s'offre ainsi à la mort. « C'est un rem» plissage amené par des sentiments seu aaturels. » (La Harpe.)

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