Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/174

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11 mourra pjus en moi qu'il ne mourrait en lui ; lélû

La mort que je demande, et qu'il faut que j'obtienne,

Augmentera sa peine et finira la mienne.

Sire, voyez l'excès de mes tristes ennuis,

Et l'effroyable état où mes jours sont réduits.

Quelle horreur d'embrasser un homme dont l'épée lôlJi

De toute ma famille a la trame coupée !

Et quelle impiété de haïr un époux

Pour avoir bien servi les siens, l'Etat et vous !

Aimer un bras souillé du sang de tous mes frères!

N'aimer pas un mari qui flnit nos misères ! 1620

Sire, délivrez-moi, par un heureux trépas,

Des crimes de l'aimer et de ne l'aimer pas :

J'en nommerai l'arrêt une faveur bien grande.

Ma main peut me donner ce que je vous demande;

Mais ce trépas enfin me sera bien plus doux, 1625

Si je puis de sa honte affranchir mon époux.

Si je puis par mon sang apaiser la colère

Des dieux qu'a pu fâcher sa vertu trop sévère,

Satisfaire, en mourant, aux mânes de sa sœur.

Et conserver à Rome un si bon défenseur. 1630

LE VIEIL HORACE.

Sire, c'est donc à moi de répondre â Valère. Mes enfants avec lui conspirent contre un père ; Tous trois veulent me perdre, et s'arment sans raison Contre si peu de sang qui reste en ma maison. (A Sabine.) Toi qui, par des douleurs à ton devoir contraires, 1635

Veux quitter un mari pour rejoindre tes frères. Va plutôt consulter leui's mânes généreux ; Ils sont morts, mais pour Albe, et s'en tiennent heureux :

1610. Ces subtilités de Sabine jettent beaucoup de froid sur cette scène. » (Voltaire.)

1613. On a déjà observé combien ce mot d'ennui avait perdu aujourd'hui ob son énergie primitive.

1616. La trame, la vie ; on trouve la même Gn de vers dans le Cid (798) et Ser- torius (105-1061.) — A la trame coupée; sur cette construction, voir la note du vers 964.

1623. J'en nommerai l'arrêt, j'en appellerai, j'en proclamerai l'arrêt la plus grande des faveurs que vous puissiez me faire.

1628. Sur fâcher, voyez la note du vers 616. Dans son Lexique de Corneille, M, Godefroy cite un fragment de lettre de Louis XIV, où le roi, avec un peu de sécheresse, il est vrai, écrit que la mort de M"* de Fontanges, bien qu'attendue, n'a pas laissé de le « fâcher ».

1629. Voltaire, dit M. Géruzez, a transporté ce vers dans la Mort de CétoT'

Satisfaire en tomoant anx mânes de Crasstu. 1634, Si peu de sang ; voyez la note du vers 1320.

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