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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/176

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Et par quelle raison, dans son juste trépas,

Prend-il un intérêt qu'un père ne prend pas? 1670

On craint qu'après sa sœur il n'en maltraite d'autres 1

Sire, nous n'avons part qu'à la honte des nôtres,

Et, de quelque façon qu'un autre puisse agir,

Qui ne nous touche point ne nous fait point rougir.

(A Valère.) Tu peux pleurer, Valère, et même aux yeux d'Horace; 1673 Il ne prend intérêt qu'aux crimes de sa race : Qui n'est point de son sang ne peut faire d'affront Aux lauriers immortels qui lui ceignent le front. Lauriers, sacrés rameaux qu'on veut réduire en poudre, Vous qui mettez sa tête à couvert de la foudre, 1680

L'abandonnerez-vous à l'infâme couteau Qui tait choir les méchants sous la main d'un bourreau ? Romains, souffrirez-vous qu'on vous immole un homme Sans qui Rome aujourd'hui cesserait d'être Rome, Et qu'un Romain s'elforce à tacher le renom 1685

D'un guerrier à qui tous doivent un si beau nom? Dis, Valère, dis-nous si tu veux qu'il périsse,

1670. Voye2 le vers 1430 surprendre intérêt en.

1671. C'est une réponse directe à l'insinuation de Valère. (Vers 1500-1510.) — Maltraiter n'est plus employé maintenant qu'avec un sens très affaibli.

1676. On vient de yoir prendre intérêt en, suivi d'un substantif; prendre intérêt à, c'est avoir souci de :

Prenez-vouz intérêt à la faire éclater ? {Rodogune, IV, 6.)

1679. Sacrés rameaux ; voyez la note du vers 1597.

1680. Corneille fait allusion à un préjugé des anciens, qui attribuaient au laurier la vertu d'écarter la foudre. Ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'il m souvint de cette superstition bizarre :

Avec tous vos lauriers, craignez encor la foudre. [Cid, II, 1.)

Afin que vos lauriers me sauvent du tonnerre,

Allez aux dieux du ciel joindre ceux de la terre. (So; Aonùie, Œ, ♦.)

H. Gidel rapyelle à ce propos les vers d'Horace , Tam spissa ramis laurea fervidos Excludel ictus. {Odes, n, 15.)

1681. L'infâme couteau. « Racine a employé ce mot dans des circonstances analogues ; il a une énergie qu'il doit précisément à ce qu'il a d'ordinaire et de peu recherché ; il y a bien des circonstances où glaive, fer, acier, seraient moins forts et moins tragiques. » (M. Marty-Laveaui.)

1682. Choir, malgré toutes les distinctions qu'on a imaginées, est un pur synonyme de tomber, et Corneille employait indifféremment ces deux verbes :

Tout va choir en ma main ou tomber en la vôtre. {Rodogune. 180.) « Ces deux mots, venus, l'un du latin, l'autre des idiomes gcrmaniqio?, expi-i

ment exactement la même idée. La seule différence, c'est que choir vieillit, tin '

que tomber est en plein usage. » (M. Littré.)

1685. On dit aujourd'hui s'efforcer de plutôt que s'efforcer à.

1687. Yar. Dis, Valère, dis-nons puisqu'il faut qu'il périsse.

Vci COiumeuce un éloquent mouvement oratoire, ou plutôt une belle paraphrase

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