Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/191

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INTRODUCTION 1

il accordait certains éloges coinproraettants aux délibérations ou monologues dont la pièce est semée ; « Emilie délibère agréablement entre le péril où elle expose Cinna et la ven- geance qu'elle désire ; Cinna délibère aussi entre les bienfaits de l'empereur et l'amour de sa maîtresse ; Auguste délibère de ce qu'il doit faire en cette dernière conjuration dont son favori s'était rendu le cbef ; je laisse un grand nombre de délibérations incidentes qui se voient dans la même pièce '. » Mais, pontife inflexible de l'unité de lieu, il la cberchait dans Cinna, et se plaignait, d'un ton de pédagogue, de ne l'y pas rencontrer : « Je n'ai jamais pu bien concevoir comment M. Corneille peut faire qu'en un même lieu Cinna conte à Emi- lie tout l'ordre et toutes les circonstances d'une grande con- spiration contre Auguste, et qu'Auguste y tienne un unseilde confidence avec ses deux favoris : car, si c'est un ii3u public, comme il le semble, puisque Auguste en fait retirer lei autres courtisans, quelle apparence que Cinna vienne y faire visite à Emilie avec un entretien de cent trente vers, et un récit de choses si périlleuses, qui pouvaient être entendues de ceux de la cour qui passent en ce lieu ? Et si c'est un lieu particulier, par exemple le cabinet de l'empereur, comment est-il vrai- semblable que Cinna y soit venu faire ce discours à Emilie? et encore qu'Emilie y fasse des plaintes enragées contre l'em- pereur ? Voilà ma difficulté, que M. Corneille résoudra quand il lui plaira ^. »

Dans le Discours des trois unités, comme dans son Examen^ Corneille reconnaît volontiers cette « duplicité de lieu », et la justifie : « Pour rectifier en quelque façon cette duplicité de lieu quand elle est inévitable, je voudrais qu'on fît deux cho- ses : l'une, que jamais on ne changeât dans le même acte, mais seulement de l'un à l'autre, comme il se fait dans les trois premiers de Cinna. » Mieux eût valu avouer que la pièce se déroulait dans un milieu tout idéal, où ni Auguste ni Cinna ne pouvaient craindre d'éveiller un écho. Corneille, avec raison, se préoccupait fort peu du. détail extérieur. Les indications de la mise en scène, recueillies dans les archives de la Comé- die française, sont si sommaires, si peu précises qu'on n'a pu reconstituer, d'après elles, la maquette de Cinna, lors de l'Exposition de 1878. Les voici, dans leur simplicité nue ^ ; « Cinna. — Le théâtre est un palais. Au second acte, il faut un fauteuil et deux tabourets, et au cinquième il faut un fauteuil

1. Pratique du théâtre., IV, 4.

?. Ibid., IV, 3.

i. Despois. Le théâtre sous Louis XPf,

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