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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/22

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« que vous avez vu loul à 1 lieure s’avancer glorieux et triomphant, pourrez-vous, Romains, le voir lié à un poteau, expirant sous les verges et dans les tortures? spectacle horrible « que supporlernient à peine les yeux des Albains! Va, licteur, i< attache ces mains, qui, tout à l’heure victorieuses, ont donné « l’empire au peuple romain! Voile la tête du libérateur de « Rome! Suspends-le à l’arbre fatal! Frappe-le de verges « dans l’enceinte de Rome, si tu veux, mais que ce soit près « de ces trophées et de ces dépouilles; ou hors de l’enceinte, « mais que ce soit entre les tombeaux des Curiaces. Car, en « quel lieu conduire ce héros, où les monuments de sa gloire ne protestent pas contre l’ignominie de son supplice ? >> Le peuple ne put tenir contre les larmes du père et l’intrépidité du fils, insensible à de si grands dangers. Horace fut absous, grâce à l’admiration qu’inspirait son courage, plutôt qu’à la bonté de sa cause. Toutefois, comme un meurtre commis au grand jour demandait quelque expiation, on exigea du père qu’il purifiât son fils par des cérémonies dont le trésor public fit les frais. Après quelques sacrifices expiatoires, qui se sont conservés depuisdans la famille des Horaces, il éleva en travers du chemin un soliveau, espèce de. joug, sous lequel il fit passer le jeune homme, la tête voilée. Ce soliveau, entretenu aux frais de l’Etat, subsiste encore aujourd’hui : on l’appelle le Soliveau de la sœw. On éleva à la fille d’Horace, à l’endroit même où elle avait reçu le coup mortel, un tombeau en pierre détaille. » ■

Sauf quelques variantes de peu d’importance, le récit de Denys d’Halicarnasse (m, 1) et de Florus (i, 3) ne diliere pas de celui de Tite-Live. Florus dit aussi : « Absiulit viiHiis parricidam, « à peu près comme don Fernand, dans le Cid, absout Rodrigue :

Les Mores en fuyant ont emporté son crime.

L’étude de la narration oratoire, déjà toute dramatique, de Tite-Live, est une préface nécessaire à l'étude du drame de Corneille. On peut remarquer qu’elle s’ouvre par un rapide exposé des causes qui firent éclater la guerre, une guerre presque civile, entre les Albains et les Romains. « Albe, la mère de Rome, discn’ les chants dont les beaux récits de •Tili;-Live sont encor’; î’tcho lointain, Albe était peu à peu devenue étrangère à ià 3olonie, et de mutuels pillages ame-

la pallie iiiéridiunalc du Forrjm. Sous Auguste, le lemps en avait ditruil lei tro]iliéos. m ri is elle subsislait ciicor»,

i. Cid, IV, 5.