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Le ravage «es champs, le pillage des villes,

Et les proscriptions, et les guerres civiles

Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix

Pour monter dans le trône et nous donner des lois. 220

Mais nous pouvons changer un destin si funeste,

Puisque de trois tyrans c'est le seul qui nous reste,

Il que, juste une fois, il s'est privé d'appui,

Perdant, pour régner seul, deux méchants comme lui.

Lui mort, nous n'avons point de vengeur ni de maître ; 225

Avec la liberté .Rome s'en va renaître,

Et nous mériterons le nom de vrais Romains,

Si le joug qui l'accahle est brisé par nos mains.

Prenons l'occasion, tandis qu'elle est propice :

Demain au Capitole il fait un sacrifice; 230

Qu'il en soit la victime, et faisons en ces lieux

Justice à tout le monde, à la face des dieux.

Là, presque pour sa suite il n'a que notre troupe;

C'est de ma main qu'il prend et l'encens et la coupe,

220. Dans le trône, et non pas sur le trône, comme le portent la plupart des éditions, depuis la correftion de Voltaire. « Autrefois, dit AI. Mai-ty-ILavcaux, le mot trône désignait, soit simplement le sièçe roval, et dans ce ras on disait sur le trône; snil toute la construftinn fermée plus ou moins par des balustres ou par quelque autre clôture, et contenant le siego; ce second sens, qui explique très bien l'emploi des prépositions dans, en, hors de, est beaucoup plus fréquent q<ie Tautre, non pas seulement chez Corneille, mais en général chez les écri- vaios de son temps, n

Voici do mf>.= ■lenx flis celni qa'nn droit d'aînesse

Elevé dans le trSne et doono à la princesse. {Hmlogunc, 1576.)

« Pluton sort de sou trône », écrit Boileau traduisant Homère.

221. Var. Rendons tooterois grâce à la bo'ité céle=te

Que de nos liois tyran< c'est le «eul qai nous reste. (1643-56.)

Il est à peine besoin de dire que les deux autres tyrans, les deux « méchants * •ont Lépide et Antome.

225. Voltaire propose une variante moins énergique, mais plus claire : « Mort, il est sans vengeur et nous .«ommes sans maître.» Nous n'avons point de venijeurne veut puint dire en effet : nous n'avons personne qui nous venj-e. — ce qui serait contradictoire, — mais bien : nous n'avons à craindre personne qui le venge sur nous.

Le manque de vengeurs enhardit les matins. (Suréna, 1032.)

226. « S'en va reuaitre. Cette expression n'est point fautive»en poésie; au eontraire, voyez dans \' [pkiqi'me de Kacine:

Et ce triiiuiM'ie heureux qui s'en va devenir L'éternel .'ntrclien d".^ sici-les ^ venir.

« Cet eiemple est un de ceux qui peuvent servir à distinguer le langage de la poésie de celui de la prose. - (Voltaire.)

22P. Sur prendre l'occision, voyez la note du v. 29.

234. Dans Sénèque. c'est aussi pendant un sacrifice que les conjuras doivent frapper Auguste : sacrifirantem placurrnt adonri. On peut se demander pour- quoi l'honneur de présenter l'encens et la coupe a Auguste revient à Cinna. Le même Sénèque nous apprend que la dignité sacerdotale avait été conférée i CÎDDa par Auguste. (Voyez la note du v. 1436.)

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