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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/284

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100 CINNA

Qu'il approuve sa mort, c'est ce que je dénie.

Rome esl à vous. Seigneur, l'empire est votre bien : Chacun en liberté peut disposer du sien; Il le peut à son choix garder, ou s'en défaire. Vous seul ne pourriez pas ce que peut le vulgaire, Et seriez devenu, pour avoir tout dompté, 4').'

Esclave des grandeurs oil vous êtes monté ! Possédez-les, Seigneur, sans qu'elles vous possèdent; Loin de vous captiver, souffrez qu'elles vous cèdent, Et faites hautement connaître enfin à tous Que tout ce qu'elles ont est au-dessous de vous. 46fl

Voire Rome autrefois vous donna la naissance; Vous lui voulez donner votre toute-puissance. Et Cinna vous impute à crime capital La libéralité vers le pays nateil !

450. Voyez, au r. 1321, dénier, pris absolument, comme ici, dans le sent d* mer:

Comment, chétif mortel, Toas déniez tos dettes! (Regnard, le Bal.)

451. Voilà une maxime peu républicaine, mais qui ne devait pas étonner lei spef-liiteurs du irn' siècle. les sujets du prince à qui son confes.-eur, le jésuite Le Tellier, apportait une ronsultation des docteurs de la Sorbonne, décidant net- tement que o tous les biens de ses sujets étaient à lui en propre, et que, quand il les prenait, il ne prenait que ce qui lui appartenait. » (Saint-Simon, chapi- tre cclii ut, Louis XIV, a-t-il jamais prononcé le mot fameux : L'Etat, c'est moi 7 On ne sait, mais Bossuet a écrit : « Tout l'Etat est en lui. » {Politique tirée del'Ecriture sainte, V, 4.)

453. .Se défaire d'une chose, en transporter le droit on la possession à OM autre :

Vons Ton» défaites bien de quelque» droits d'aînesse.

Mais TOUS défaites- vons du cœor de la princesse? {Nicomède, lOiS.)

456. Où, auxquelles; voyez la note du v. 408.

457. C'est le mot d'Aristippe sur Laïs: « "E^^w, a^X'o'jx 'éyo\i.a.i.r) Horace, dans les vers de qui revient plus d'une fois le nom du fondateur de l'école cyrénai* fue, s'était aussi souvenu de ce mot, devenu règle de conduite :

Nunc in Aristippi fnrtim praecepta relabor. Et mihi res, non me rébus sabjungere conor.

461. « La tyrannie du vers amène fort mal à propos ce mot oiseux: autre (ois. » (Voltaire.)

464. « La libéraliti n'est pas le mot propre; car rendre la liberté à sa patrie est bien plus que liberalitas Augusti. — \ers le pays; il faudrait envers le pays.» (Voltaire.) Cette dernière critique eût peut-être étonné Corneille, qui, au v. 818, emploiera encore vers pour envers. Il y en a bien d'autres exemples au xni» siècle:

C'est nn crime vers lui si grand, si capital. {Polyeucte, liOl.)

Et ponvez-Tons les voir, sans demeurer confuse.

Du crime dont vers moi son style vous accuse? (Misanthrope, IV, u.)

« Les grammairiens prétendent que vers ne peut pas se dire pour envers, an sens Cguré et moral; et, en effet, r.^cidémie a suivi leur décision, mais à tort: car, ni la dérivation (vers et envers étant étymologiquement le même mot), ni l'usage ne justifie cette décision : les meiUeurs auteurs, Corneille, Molière, Pascal, Racine, Voltaire, ont donné à vers le sens d'envers ; l'on peut suivre, •■ besoin, leur exemple. * (M. Littré.)

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