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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/315

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ACTE III, SCÈNE IV 131

Demander pour appui tels esclaves que nouj.

Il abaisse à nos pieds l'orgueil des diadèmes ; S85

Il nous fait souverains sur leurs grandeurs suprêmes;

Il prend d'eux les tributs dont il nous enrichit,

Et leur impose un joug dont il nous affranchit.

EMILIE.

j'indigne ambition que ton cœur se propose!

Pour être plus qu'un roi, tu te crois quelque chose! 990

Aux deux bouts de la terre en est-il un si vain

Qu'il prétende égaler un citoyen romam?

Antoine sur sa tête ailiTO. notre haine

En se déshonorant par l'amour d'une reine;

Attale, ce grand roi, dans la pourpre blanchi, 9ï>5

Qui du peuple romain se nommait l'affranchi.

Quand de toute l'Asie il se fût vu l'arbitre,

Eût encor moins prisé son trône que ce titre.

984. Var. Implorer la favenr d'esclaves tels que nous. (1643-S6.)

986. Il nous fait souverains sur..., pour : il nous fait régner souverainement sur. Voltaire critique sur, qu'il remplace par de; mais Boileau (Satire v) a em- ployé cette tournure, aujourd'hui peu usitée, aussi bien que Corneille et Racine : Et sur mes passions ma rai?ou souveraine Eût blâmé mes soupirs, et dissipé ma liaine (Potyciwle, 478.) Sur lui, sur tout son peuple il vous rend souveraine. {Andromaque,ÏV.\.)

990. « Ce beau vers est en contradiction avec celui que dit Auguste au cin- quième acte :

Qu'en te couronnant roi je t'aurais donné moins.

Ou Emilie ou Auguste a tort. » (Voltaire.) — « Ce vers serait en contradiction avec l'autre, si Corneille les eût placés tous deux dans la bouche du même per- sonnage; mais il convient à Emilie républicaine de parler avec mépris des roia et Auguste doit croire qu'il est glorieux de régner, puisqu'il a tout sacriOé à cette ambition. » (Palissot.)

992. Var. Aux deux bouts de la terre en est-il d'assez vain

Pour prétendre égaler un citoyen romain? (1643-56.)

Voyez avec quel orgueilleux dédain César et Flaminius (Mort de Pompée, ,A, m; Nicomède ; III, n) parlent de ces rois, dociles serviteurs des volontés le Rome.Félicitant avec ironie son frère Attale d'être paré

Du titre glorieux de citoyen romaic, Nicomède s'écrie :

Ne savez-vous plus quil n'est princes m rois

Qu'elle daigne égaler à ses moindres bourgeois? [Nicomède,!, u.)

Balzac avait mis à la mode la peinture de ce citoyen romain, quelque peu idéalisé, qui « met le respect dans le cœur des rois... et voit les couronnes des souverains au-dessous de lui. » ,^^e Romain.)

995. Blanchi, vieilli :

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour Qétrir tant de lauriers ?

994. Attale avec ce titre est plus roi, plus monarque

Que tous ceux dont le front ose en porter la marque {Nicomède, III, a.)

I« pensée est la même; mais l'Attale de Nicomède n'est pas celui dont:

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